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Les Bons Plans Parisiens de Selma Bella-Zarhloul

Temps de lecture estimé : 7mins

Paris sera toujours Paris! Je n’en sais plus rien. Une chose est sûre, du moins en ce qui me concerne, c’est sa capacité à m’éblouir constamment, au détour d’une rue, d’une façade éclairée, d’une rive endormie, au lever du jour, à la tombée de la nuit, sous le clair de lune. J’arpente cette ville depuis toujours et je suis encore surprise et émerveillée et cela vaut “presque” toutes les vicissitudes qu’on lui prête. Et non, je n’ai pas envie de rapporter ici tout ce que les parisiens et non-parisiens reprochent à cette ville, large place y est déjà accordée. Je vous invite à la beauté et amis Aoûtiens, réjouissez-vous car c’est le meilleur moment pour découvrir ou re-découvrir la ville-lumière.

Nourriture de l’âme

Certes, aujourd’hui, aller voir des oeuvres nécessite une certaine dose de courage tant il faut parfois s’armer de patience pour pénétrer dans ces lieux saints que sont devenus les musées et ensuite partager un morceau de tableau à 50. Mais, comme pour tout, il y a des petits coins de paradis moins connus et à Paris, autant dire que nous sommes bénis des Dieux tellement il y en a. J’avoue un faible pour les lieux autrefois habités, il s’y trouve souvent un petit supplément d’âme.

En voici, quelques exemples :

Musée Nissim de Camondo
Le premier est consacré à “la reconstitution d’une demeure artistique du 18e siècle”. Le Comte Moïse de Camondo a détruit l’hôtel particulier de son aïeul en 1911 pour le reconstruire sur le modèle du petit Trianon de Versailles afin que sa collection y prenne place. C’est un régal de voir cette magnifique demeure contrastée avec des installations domestiques dernier cri du début 20e avec lesquels cohabitent les oeuvres et le mobilier, époque Louis XIV-XVI.
Pour compléter la visite, installez-vous dans le parc Monceau attenant avec la biographie fascinante de Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo.
63, rue de Monceau
75017 Paris
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-nissim-de-camondo

Proftez-en pour visiter son voisin le musée Cernuschi dédié aux arts asiatiques, et notamment la plus belle collection d’art chinois de Paris.
7, avenue Vélasquez 
75017 Paris
http://www.cernuschi.paris.fr

Musée Cognac-Jay

Une petite splendeur 18ème aussi mais cette fois-ci dans le Marais, avec en prime l’accès gratuit pour tous. Le musée porte le nom des deux collectionneurs Ernest Cognac et Marie-Louise Jaï, fondateurs du grand magasin La Samaritaine. Exemple d’ascension sociale, philantropes et collectionneurs avertis, leur parcours (début du 20e siècle) est aussi intéressant que leur collection. Le couple s’est attaché à acquérir des oeuvres ayant pour sujet commun, l’intime, très en vogue au 18ème siècle et remis au goût du jour début 20ème siècle. A l’heure où on nous sert de l’intime à toutes les sauces, admirer Fragonard, Watteau, Boucher, Nattier, Greuze… procure un plaisir sans fin.
8, rue Elzévir
75003 Paris
http://museecognacqjay.paris.fr

Musée du Louvre

Je ne peux absolument pas faire l’impasse sur le musée du Louvre, le plus beau, le plus riche, le plus… le plus tout… tant les superlatifs ne sauraient rendre compte de son caractère extraordinaire.
Bref vous l’aurez compris, l’objectivité n’est pas de mise, c’est le musée que j’affectionne le plus.
J’y ai passé des heures, des journées entières quand j’étudiais à l’Ecole du Louvre et jamais je ne me lasse d’y aller bien que j’ai écumé tous les départements. Je regrette souvent que les parisiens fréquentent peu ce musée, sans doute victime de Mona Lisa et du supposé savoir écrasant qu’il faut pour l’appréhender. J’encourage vivement à y aller comme on irait en balade, avec des amis, sans s’arrêter forcément devant chaque oeuvre, l’air de rien tout en poursuivant la conversation, et soudain, une oeuvre vous happe, elle vous fige et vous émeut. Ne vous privez pas de ce voyage, et vous verrez qu’on y prend goût en toute saison et à toute heure.

Mes favoris :
-Les taureaux androcéphales du palais de Khorsabad en Mésopotamie situé aile Richelieu, Antiquités Orientales, département méconnu, voire inconnu qui pourtant regorge de splendeurs.
-Les appartements de Napoléon III, un parfum proustien s’en dégage, et si l’on tend l’oreille, on croirait distinguer des éclats de voix, des chuchotements, des rires coquins ou moqueurs.
-Le salon de Madame Récamier que j’imagine toujours posséder un jour.
-Les cours Visconti et Puget, surtout le soir.
Cependant, la journée selon la lumière entrante, elles valent aussi le détour.
Une de mes oeuvres favorites : l’Hermaphrodite endormi, aile Sully, Antiquités grecques, étrusques et romaines. Dans ce département, pleuvent les chefsd’oeuvres, c’est l’une des plus belles collections au monde, ne vous en privez pas.
http://www.louvre.fr

Respirer

C’est l’été, du moins il paraît, direction verdure. Encore un endroit méconnu et jugé trop loin, à tort.
Dépassez les grandes allées bétonnées et engagez-vous dans les sous-bois. Au détour d’un sentier, vous serez surpris du dépaysement et de la beauté de la végétation, surtout en cette saison.
Si vous vous sentez pousser des biceps, il y a aussi les abords du lac où vous pourrez louer une barque.
Après vous êtes acquittés d’un petit droit d’entrée, franchissez les grilles du Parc de Bagatelle.
Havre de paix, très peu fréquenté, avec une des plus belles roseraies de France, des petits enclaves paysagères ravissantes, des sinuosités aquatiques, et des paons qui réclament obédience. Edifié par le Comte d’Artois à grands frais à la suite d’un pari avec Marie-Antoinette
1775, cette bagatelle de style anglo-chinois, très en vogue alors, est achevée en soixante-quatre jours ! Epoque où la démesure avait du style.
Si vous êtes curieux, passez les portes du périphérique, l’Ile-de-France est une très belle région. Lac d’Enghien, Forêt et Château de Saint-Germain-en-Laye, les jardins et le Musée Albert Kahn à Boulogne, les bords de Marne, de l’Oise….

Nourriture terrestre, quoique…

Pour la paix de l’âme, et le plaisir des papilles, car Paris se déguste aussi, direction la Maison des trois thés fondée par Maître Tseng, experte en thé. Ici, excellence oblige, vous ne dégusterez que du très bon thé servi dans les règles de l’art avec la théière appropriée à chaque thé et votre bouilloire pour réinfuser les feuilles. Prévoyez un peu de temps car le voyage mérite qu’on s’y attarde un peu pour se laisser gagner par l’atmosphère de ce lieu. Tout y est choisi avec méticulosité: la vaisselle, les objets, le mobilier, l’ambiance musicale zen et tous se conjuguent pour recréer l’esprit d’une maison de thé à la chinoise.
1, rue Saint-Médard
75005 Paris
Réservation conseillée au 01 43 36 93 84

On monte en température, en route pour Pigalle et la rue Frochot. Quasi tous les bars de la rue sont des anciens bars à filles et ont gardé, pour certains, le décor.
Au numéro 1, le Docteur Lupin est de ceux là. Atmosphère cosy, début 20ème siècle où l’on imagine très bien Hemingway et Fitzgerald alanguis sur les banquettes en velours vert surmontés de peintures art nouveau sirotant leurs verres. Laissez-vous tenter par les cocktails maison ou demandez votre propre recette et oubliez que dehors, c’est le 21ème siècle.

Juste à côté, au numéro 7, le Glass, pour les excellents cocktails et l’atmosphère club conservé de l’esprit “bar américain” d’antan (par bar américain, entendre bar à filles).

J’avoue, je suis totalement toquée du cornet. Capable de traverser tout Paris pour goûter un parfum chez un glacier, avec une amie aussi maniaque de la glace que moi.
Mes deux adresses favorites :
Pozzetto pour les gelato, peu de parfums mais que du bon, je recommande Fior di Latte, Nocciola et le Gianduja.
39, rue du Roi de Sicile
75004 Paris
le Bac à Glaces, pour les sorbets
109, rue du Bac
75007 Paris
Et un nouveau venu, youpi! avec des parfums étonnants et des vacherins à se damner…
Une glace à Paris
15, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
75004 Paris

Mais oui Paris !

Selma Bella Zarhloul
Après une double formation en Information et Communication à la Sorbonne et histoire de l’art à l’Ecole du Louvre, elle choisit de se consacrer à la photographie. D’abord, en tant que praticienne afin de bien comprendre et maîtriser les spécificités du médium pour pouvoir s’exprimer avec. Parallèlement, en 2001, elle rejoint la Donation Henri Lartigue, sous tutelle du Ministère français de la Culture. Pendant plus de 10 ans, elle contribue au développement, assurant la production et la distribution de la collection à travers le monde. En 2017, elle commence à travailler en tant qu’ indépendante endossant plusieurs casquettes : commissaire d’exposition, critique d’art et cheffe de projet spécialisée dans la photographie contemporaine. Entre autres, elle assure le rôle d’administratrice générale du Festival Voies Off à Arles en 2018-2019. En 2021, sa passion pour la photographie contemporaine la pousse à ouvrir La Volante à Arles, une galerie d’art dédiée à la photographie et autres arts.

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