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Les Black Dolls de la collection Deborah Neff.
Les expositions testaments d’Antoine de Galbert (2/2)

Temps de lecture estimé : 2mins

On le savait éloigné des diktats du marché et des tendances et une fois encore Antoine de Galbert le prouve en mettant en lumière le destin de l’artiste rom Ceija Stojka et les Blacks Dolls de la collectionneuse américaine Deborah Neff.

Les Black Dolls au delà de l’intime, la voix de la résistance

Pour la première fois montrée hors des Etats-Unis la collection de 200 poupées artisanales de l’avocate Deborah Neff est remarquable à plus d’un titre. Ces productions réalisées dans un contexte privé entre 1840 et 1940 (1865 date de l’abolition de l’esclavage) par des créatrices noires anonymes, servantes pour la plupart relatent l’effacement de la mémoire Afro-américaine dans le grand récit historique de l’Amérique. Longtemps négligés ces artefacts en disent long sur les rapports de force d’une société dominée par les blancs. Les poupées noires deviennent l’objet de mises en scène rodées devant l’objectif des premiers daguerréotypes d’alors où des fillettes blanches entourent affectueusement leurs bébés confectionnés pour la plupart par leur nounous qui vivent elles, séparées de leur propre progéniture.
Des projections ambigües presque dérangeantes quand surgissent ces poupées mixtes, blanches et noires (« topsy turvy ») synonymes d’autres jeux interdits ?
Il en va de l’estime de soi dans ces représentations où la norme de beauté revenait au blanc, c’est pourquoi les ombres projetées au mur sont comme un hommage à toutes ces oubliées de l’histoire de l’art comme l’explique la commissaire.
Il faudra attendre 1910 pour qu’une prise de conscience se fasse en faveur des « negro-dolls » ces nourrissons noirs auxquels il est nécessaire que s’identifie la communauté afro américaine.
Nous assistons donc à une histoire de luttes aux confins de l’enfance mais aussi de la sociologie, de l’anthropologie, du post colonialisme, le tout servi par un corpus saisissant de réalisme et de talent.

A noter autour de l’exposition, le colloque international : « Culture matérielle, représentations et résistances africaines-américaines au musée du Quai Branly.

Catalogue de l’exposition 224 pages, français/anglais 25€ disponible à la librairie Bookstorming/la Maison Rouge.

INFOS PRATIQUES :
• Black Dolls
La collection Deborah Neff
• Aussi : “Ceija Stojka”, Une artiste rom dans le siècle
Jusqu’au 20 mai 2018
La Maison Rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la Bastille
75012 Paris
(fermeture définitive fin 2018).
http://lamaisonrouge.org

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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