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Carte blanche photographique à Sylvie Hugues et Mathilde Terraube

Temps de lecture estimé : 4mins

Aujourd’hui, nos deux invitées de la semaine, Sylvie Hugues et Mathilde Terraube, partagent avec nous leur carte blanche photographique. Les deux directrices artistiques du festival du Regard qui ouvre ses portes en fin de semaine nous parlent respectivement du manque de visibilité des artistes français sur notre territoire et à l’international et de l’artiste lituanien Algis Griskevicius qui expose à New York en ce moment.

Carte blanche à Sylvie Hugues

Sans être le moins du monde une militante « nationaliste », je suis même plutôt une « internationaliste » comme en témoigne mon histoire personnelle, je dois dire que je m’étonne de la faible mise en avant des artistes français dans leur propre pays. Dès que je voyage à l’étranger, je me rends dans des expositions, des librairies, des festivals… et chaque fois je prends un vrai plaisir à découvrir des «auteurs» locaux. Je m’aperçois alors que beaucoup de pays (l’Espagne, la Suisse, l’Allemagne, les Etats Unis surtout !, le Japon bien sûr…) soutiennent clairement leur production artistique nationale, aussi bien dans les lieux gérés par l’Etat que dans des institutions privées. En France, c’est l’inverse ! Nous sommes le seul pays où pour un créateur il est préférable de ne pas être un autochtone. Il y a une prime à la création lointaine, (à l’exotisme ?) et à la découverte d’autres cultures. Cette attitude est en elle-même positive, mais elle devient une injustice quand on voit combien les meilleurs photographes français (et tous les artistes en général) sont rarement exposés et promus par les institutions culturelles françaises, pourtant si nombreuses ! Paris est un carrefour international, tant mieux, mais vu de l’étranger, le constat est amer : la France est un pays dont tous les artistes connus sont morts depuis longtemps, et quasiment aucun photographe français contemporain, ou presque, n’est reconnu à l’international. Ce qui conduit, à l’heure de la globalisation, à une disparition de la culture française contemporaine et à son cantonnement dans un passé « romantique » qui fait de la France un « vieux» pays touristique et folklorique.

Carte blanche à Mathilde Terraube

J’ai rencontré Algis lors de l’organisation de la 1ère édition du Festival du Regard. On voit souvent ses photographies sur les différents réseaux sociaux en France sans forcément y associer un nom. Il s’agit pourtant d’un artiste mondialement connu aussi bien en tant que photographe mais aussi peintre et sculpteur. Voici une nouvelle occasion de le présenter.

Algis Griskevicius est né en 1954 à Vilnius (Lituanie). Il finit ses études en 1973 et intégrera l’école d’Art de Vilnius de 1980 à 1985. A la même époque, il travaille comme artiste et peintre de scène au théâtre des jeunes acteurs de Vilnius. Il commence à participer à des expositions en 1986 et travaille comme artiste indépendant en 1990. Il organise plus de 60 expositions solos et participe à plus de 100 expositions collectives en Lituanie et à l’étranger. Il a exposé dans le monde entier. Célèbre pour ses tirages en noir et blanc, la photographie d’Algis est facilement reconnaissable par sa créativité et sa relation aux formes d’art traditionnel comme la peinture, la sculpture et le théâtre. Griskevicius dépeint les structures complexes et ses photographies représentent le résultat final d’un long processus créatif, qui sort directement de son imagination.

Algis Griskevicius est invité à participer à l’exposition « Useless »
Musée du Bronx à New York
Du 27 mars au 4 août 2019
Commissaire d’exposition : Gerardo Mosquero.
http://www.bronxmuseum.org
http://algisg.lt/

INFORMATIONS PRATIQUES
Festival du Regard
Du 8 juin au 8 juillet
Thème : Adolescence
12 photographes exposés (expositions personnelles) : Claudine Doury (invitée d’honneur), Coco Amardeil, Martin Barzilai, Delphine Blast, Jerôme Blin, Françoise Chadaillac, Siân Davey, Guillaume Herbaut, Gil Lefauconnier, Reiko Nonaka, Marion Poussier et Thibaud Yevnine
+ Exposition collective : « les ados vus par… » : Sabine Weiss, Bernard Plossu, Françoise Nunez, Marc Riboud, Michael Ackerman, Denis Dailleux, Ingar Krauss, Jean-Claude Gautrand et Jean-Christophe Béchet.
Cergy Pontoise
http://www.festivalduregard.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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