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Art Basel Unlimited: dans la cour de récré des marathoniens de l’art !

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Si l’on parle de transactions stratosphériques, le programme VIP favorise l’euphorie tout au long de la semaine, une fois refermées les portes de la Messeplatz.
Pour les happy few invités dès le mardi, signalons l’after party d’Emmanuel Perrotin dans une église transformée en boite de nuit géante ou le dîner offert par la prestigieuse galerie londonienne The White Cube en l’honneur de l’artiste américain Theaster Gate célébré au Kunstmuseum et bientôt au Palais de Tokyo.
Pour tous les autres on peut se consoler devant les 71 projets XXL d’Ulimited sélectionnés comme depuis de nombreuses années par Gianni Jetzer, curatrice du Hirschhorn Museum and Sculpture Garden Washington DC, qui investit tout le 1er étage. Un changement d’échelle pas forcément profitable au format des œuvres.
Avec 95 000 visiteurs l’année dernière, cette plateforme prend des allures muséales sans tout de fois perdre de vue la visée commerciale et l’investissement demandé aux galeries. C’est fun et on en prend plein les yeux, pas besoin d’être spécialement initié. Se distinguent :
-Les projets, « come back »soit des figures écartées et récemment redécouvertes :
Georges Mathieu (Applicat Prazan) qui voisine avec Ai Wei Wei ou Matthew Barney tandis que Claude Viallat fait également son retour par l’entremise de Daniel Templon ou Alberto Burri avec Tornabuoni Art,  Barbara Bloom représentante de la Pictures Generation (Galerie Gisela Capitain), la roumaine Ana Lupas (P420 Bologne), ou Bruce Conner, pionnier du cinéma expérimental.
-Les projets plus spectaculaires : Robert Longo et son globe doré constitué de 40 000 cartouches (vendu $1.5m par la galerie Thaddaeus Ropac) Daniel Buren et ses gigantesques échafaudages (galeria Continua), Carol Bove méga sculpture vendue $1.5m par David Zwirner ou les barques en cire d’abeille de Wolfgang Laib (Konrad Fischer), Arman et sa soixantaine de portemanteaux chez les Valois, première accumulation du genre ou les 3500 grammes d’or pur de l’installation du chinois He Xiangyu, un mur fait de boites en carton d’œuf, métaphore de la politique de l’enfant unique.
-Les plus engagés : Richard Mosse (carlier gebauer) et la traversée des migrants, Candice Breitz et ses interviews de réfugiées dont le rêve percute avec la réalité du marché du sexe, Rirkrit Tiranija (Gavin Brown’s) autour de la guérilla urbaine à Bangkok en 2010, Alfredo Jaar et ses portraits de réfugiés Vietnamiens dans des camps de détention à Hong Kong (Goodman gallery, Lelong)
-Les plus poétiques : Sam Gilliam (en parallèle avec sa rétrospective au Kuntsmuseum), Lygia Pape, Lara Favaretto et ses cubes de confetti éphémères, José Yaque et ses étagères pleines de bocaux mystérieux, Lee Ufan (Pace Gallery) qui rejoue une pièce de 1968 ou Rashid Johnson et son labyrinthe végétal musical, Yoko Ono et son atelier participatif ou Ai WeiWei et ses 3000 morceaux de porcelaine de l’époque Ming, »Tiger, Tiger, Tiger ».
-Les plus avant-gardistes : Jon Rafman (Spruth Magers) et ses environnements dystopiques, Camille Henrot avec « Saturday » (Kamel mennour)
-Les plus immersifs : James Turell et son hypnotique « Catso Violet »(Bernier/Eliades, Athens), Paul Chan (Greene Naftali) et son ballet de ballons gonflables, Carlos Cruz Diez maître de l’op art (galeria Raquel Arnaud) et le film Tornado de Francis Alÿs tourné au milieu de tornades.
-Les plus politiques : « Ponte City » (montré au BAL) par le duo de photographes Patrick Waterhouse et Mikhael Subotzky autour de cette ville fantôme d’Afrique du Sud, Ibrahim Mahama (White Cube) à l’entrée de la section et son patchwork de boites de cirage en référence à ces travailleurs de l’ombre.
Quand on sait que Ralph Rugoff (directeur de la Hayward Gallery de Londres) vient d’être nommé pour la prochaine Biennale de Venise, espérons que les sirènes du marché ne prennent pas le dessus !
Plongez-vous dans l’ambiance Unlimited : YouTube 
En ville : Bruce Nauman chez Schaulager (avec le MOMA) est une merveille d’intelligence et de radicalité, tandis que le choc des titans Giacometti-Bacon ne prend pas à la Fondation Beyeler, malgré le côté magistral de l’entreprise.
Notons l’importance de projets liés à la question du genre et représentation du corps noir, dans le sillage de Lubaina Hamid (Turner Prize) sur lesquels je reviendrai.

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Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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