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Arles, as tu perdu ton âme ?

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Le City Guide Louis Vuitton ne s’y est pas trompé en consacrant son dernier né à Arles avec Christian Lacroix en guest star ! (diffusé dans la librairie éphémère Le Buste et l’Oreille). Il faut dire que l’effet galaxie suisse se fait sentir à travers une programmation et des partenariats résolument internationaux.

Maja Hoffmann en tête avec cette tour Ghery qui tutoie impunément le ciel bleu lavande camarguais et tous ses satellites en ville, la Fondation Van Gogh et de vastes projets immobiliers de requalification d’anciens hôtels particuliers en lieux tendances dans l’hôtellerie et la restauration haut de gamme.
Désormais les créateurs de tous horizons posent leurs valises dans la cité romaine, à commencer par Gucci et son spectaculaire défilé Croisière sur la promenade des Alyscamps.
Dior lance la 1ère édition du Prix photo pour Jeunes Talents et les expose au Parc des Ateliers. « The Art of Color »

Sam Stourdzé le très affuté directeur des Rencontres fait ses recommandations dans le Madame Figaro à l’occasion du Prix Photo du magazine, remis cette année à la polonaise Wiktoria Wojciechowska (série Sparks) par un jury très people présidé par Marion Cotillard avec entre autres Kamel mennour.

Du coup les amateurs ont nettement changé d’allure, les bobos et arty lovers en tribu s’installent au Nord Pinus, avant de se retrouver devant la rétrospective XXL de Gilbert & George (Luma foundation) où le mot fuck est conjugué à toutes les sauces. On frise le mal de tête devant ces grands tirages aux couleurs dissonantes et messages codés mais sans jamais l’avouer bien sûr.

Les enfants du pays dont Christian Lacroix regrettent le temps d’avant. Rien ne semble arrêter la swiss connexion même s’il est un peu tard pour les remords.
Le paradoxe est le manque de lieux pour le festival. L’occasion sans doute de se réinventer et de savoir tirer profit de ce rayonnement. C’est en tous cas la thèse défendue par Sam Stourdzé.

Les Rencontres :

Nouveaux lieux : Croisière un ancien hameau désaffecté au charme décati, Tinquetaille dans l’ancienne gare SNCF le long du Rhône avec son pavillon de bambou de l’architecte colombien Simon Vélez pour une méditation sans surprise signée Mathieu Ricard et la Maison des Peintres autre lieu défraichi qui accueille la scène turque contemporaine. Des trouvailles qui contrebalancent l’aspect formel des Ateliers relookés par Luma.
Par contre au niveau des tarifs il y a des suppléments assez malvenus pour accéder à la Fondation Luma et au Magasin Electrique bientôt sous le giron suisse.

America Great Again !

Le best est le reportage de Paul Fusco pour le magazine Look sur le convoi de la dépouille de Robert Kennedy assassiné alors qu’il brigue la Maison Blanche, qui part de New York pour rejoindre Washinton DC et son frère au cimetière d’Arlington. Ces visages au bord du chemin, de toutes origines et conditions sociales unis dans une même peine et dignité.
A côté de cet émouvant hommage, Rein Jelle Terpstra a retrouvé les archives et traces des témoins et offre ainsi le regard de l’autre côté. Tandis que Philippe Parreno propose une installation immersive de l’évènement.
Le match (amical) Frank-Depardon. Le Suisse dont l’ouvrage « Les Américains » fut publié par le français Robert Delpire est dévoilé par certains clichés qui n’y figurent pas, l’autre étage de l’Espace Van Gogh est dédié à la correspondance américaine de Raymond Depardon parue dans Libération sur la campagne de Nixon notamment. Une vraie découverte !
Alors que la Trilogie de Paul Graham est un bel exercice conceptuel, « La rédemption » selon Laura Henno, volontiers douce amère, s’attarde sur ces déclassés qui vivent dans un ancien camp militaire du désert californien, avec justesse et empathie.

Humanité augmentée :

The Hobbyist, qu’est ce la culture du hobby témoigne de notre société et de nous-mêmes ?
Passionnant sujet traité de façon transversale avec des artistes de génération différente que ce soit des stars comme Mohammed Bourouoissa, Benedict Bockt ou des photographes amateurs. En quoi la reconnaissance de soi passe par les hobbies et leur captation en direct via les réseaux sociaux. Drolatiques videos de chiens dressés qui soulève la question des animaux et leur libre arbitre.

Matthieu Gafsou H+

L’un des projets les plus pertinents qui sous un aspect très formel recèle de nombreux taboux en ce qui concerne le transhumanisme mais aussi la cryogénisation (conservation post mortem du corps) et toutes sortes de prothèses qui nous entourent à commencer par le smartphone ! Cyborgs de tous poils que le photographe suisse a mis 4 ans à traquer dans toute l’Europe, les Etats Unis ne lui ayant pas répondu, notamment Google et la Silicon Valley.

100 portraits, la collection Antoine de Galbert

Collectionneur à l’initiative de la Maison Rouge qui fermera ses portes à l’automne, Antoine de Galbert prend son envol et signe une magistrale exposition à l’invitation des Rencontres (le Méjan). Sous la thématique du regard, il a puisé une centaine de visages « entre drame et dérision » comme il le résume. Conjurer certaines limites et peurs enfouies (la cécité et le handicap), rejouer une certaine histoire du portrait, regarder le monde de manière secrète et intime, traduire la vocation d’un collectionneur, autant de moteurs qui résument la démarche si singulière d’Antoine de Galbert.
Ainsi de Myriam Cahn à Christian Fogarolli, de Barthelemy Toguo à John Isaacs, on oscille entre dessin, sculpture, vidéo, installation.. A ne pas manquer !

Lieux où il faut être vu :

Hôtel Le Collatéral, très confidentiel au coeur du quartier populaire la Roquette en voie de gentrification.
Quatre chambres d’hôtes, un grand salon, un roof top avec vue sur les toits dans cette ancienne église reconvertie par Anne-Laurence et Philippe Shiepan. Véritable laboratoire arty dans une atmosphère zen qui accueille actuellement la « Mediation Room » de Pierre Bonnefille. Peintre, designer, « maître d’art » il a su « faire du vide son allié » comme le souligne la critique d’art Léa Chauvel-Lévy.

L’hôtel du Cloître signé par India Mahdhavi, sa cour intérieure et son toit-terrasse pour les cocktails. 19 chambres dans une atmosphère cosy et colorée.
Un savant mélange patrimonial et contemporain à quelques pas de la Fondation Van Gogh (ça tombe bien c’est aussi dans l’univers Hoffman !).

L’hôtel Arlatan, pré-ouverture cet été. Bientôt résidence d’artistes cet ancien hotel particulier du XVème siècle qui fait la fierté des arlésiens leur a été dévoilé ce printemps dans le cadre des « Luma Days ». Métamorphosé par les architectes Max Romanet et Renzo Wieder, ses sols ont été habillés par l’artiste cubain Jorge Pardo de mosaïques aux couleurs du sud. Un audacieux parti prix à la croisée du provençal et de l’international.

Du côté de la gastronomie les chefs se la jouent néo camargue à l’Ouvre Boîte, la cantine de l’hôtel du Cloitre et la Chassagnette en dehors de la ville également propriété de Maja Hoffmann. Certains prédisent même qu’après Actes Sud, elle va racheter le Nord Pinus !

Quelques bistros pur jus subsistent comme « Mon bar » place du Forum ou dans quartiers périphériques.

Concept store et festival Voies Off
« Moustique », d’un fléau une idée géniale ! par le trio parisien Brigitte Benkemoun, Thierry et Sylvie Demaizière tout ce qu’il faut pour passer de bons apéritifs camarguais.

La Parfumerie Arlésienne par Fabienne Brandon, objets chinés et collection de senteurs pour célébrer la « Reine d’Arles »

C’est le bazar !
par Louis-Paul Desanges, gérant du studio des Ursulines invite la collectionneuse Julie Barrau.

Le Dépôt-vente : Au bonheur des dames, Bijouterie Pinus, Arlette sont autant d’enseignes qui surfent sur la vague ethnique chic et accueillent souvent les expos photos du festival Voies Off.

INFOS PRATIQUES :
49èmes Rencontres de la photographie Arles
Du 2 juillet au 23 septembre 2018
Forfait toutes expositions : Tarif plein ONLINE : 35 €
(via billetterie en ligne)
SUR PLACE : 42€
Catalogue des Rencontres à 47 € en vente sur place ou en ligne.
https://www.rencontres-arles.com/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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