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Carte blanche à Annie Gabrielli : Alexandre Gilibert, l’artiste qui trompe la photographie

Temps de lecture estimé : 2mins

Pour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, la galeriste Annie Gabrielli nous parle du travail d’Alexandre Gilibert, l’artiste qui trompe la photographie.

C’est lors d’une visite d’ateliers à Sérignan dans l’Hérault que j’ai découvert le travail d’Alexandre Gilibert. D’emblée, ses dessins m’ont frappée par leur réalisme, au point de semer le trouble sur leur nature.
Oscillant ou hésitant entre dessin et photographie, sa démarche de création montre qu’il ne faut pas se fier aux apparences et qu’un seul regard ne saurait épuiser ce qui est donné à voir.
C’est en parcourant une nature familière éloignée du tumulte de la ville qu’il réalise les images photographiques présidant à ses séries de dessins. Alexandre entretient un rapport sensible et profond avec lieux et paysages.
Par l’attention qu’il porte aux effets de la lumière, à la profondeur de champ qui joue sur la netteté et le flou, il met à mal les prétendues objectivité et exhaustivité photographiques et insuffle à ses images, modèles des dessins à venir, un statut artistique tout autant que documentaire. C’est par cette mise à distance du réel, redoublée ensuite par l’acte graphique, qu’il est permis de dire que sa démarche ne vise pas la stricte imitation.
Qu’il soit au pastel sec ou à l’aquarelle, de petit format ou à l’échelle du corps du spectateur, le dessin chez Alexandre Gilibert prend forme de proche en proche, de couche en couche, de plan en plan, de touche en touche, sous le sceau de la minutie et du temps : la minéralité des roches et des pierres, l’aspect ligneux des troncs, les aspérités des écorces et des sols, sont rendus par les gestes répétés sur le support, déposant à chaque passage la quantité de matière colorée voulue, jusqu’à ce qu’advienne le noir absolu dans certaines œuvres réalisées au pastel.
Ses dessins nous rappellent aussi l’inspiration que l’artiste doit à Henry David Thoreau. Les mots qu’il lui emprunte, tirés de son ouvrage Walden ou La Vie dans les bois, qui ponctuent en réserve les aquarelles, leur confèrent d’ailleurs une dimension narrative et intime.

https://www.alexandregilibert.org/
http://galerieanniegabrielli.com/

La Rédaction
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