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Tremor, exploration musicale au milieu de l’Atlantique

Temps de lecture estimé : 3mins

Si vous ne connaissez pas les archipels des Açores, c’est que vous n’avez pas entrevue un petit paradis sur terre. Depuis 2014, pendant cinq jours, chaque printemps, toute l’île de São Miguel, l’un des archipels, devient une scène. Une petite bande de terre perdue au milieu de l’Atlantique où se déroule le Festival Tremor.

Pour cette édition, du 9 au 13 avril 2019, c’est une sélection d’artistes internationaux du Portugal, d’Europe , d’Amérique du Nord, du Cap Vert ou encore d’Ethiopie – Entre autres Colin Stetson, Buli Mundo, Pop Dell’Arte, Grails, Lula Pena, Lafawndah, Fumaça Preta…- qui a jouée dans différentes villes de l’île de Sao Miguel : Ponta Delgada, Ribeira Grande, Nordeste, Rabo de Peixe, Furnas, Ribeira Quente et plusieurs paysages naturels.

C’est une expérience musicale et sensorielle unique au cœur de paysages époustouflants, de vues à couper le souffle, de lacs et de sources chaudes géothermiques.
Tout sauf ordinaire, ce festival propose une programmation interdisciplinaire de concerts, expositions, performances et des projets de résidences artistiques impliquant les habitants…

Comme le très beau concert d’ouverture au Teatro Micaelense, où l’ École de musique de Rabo de Peixe, en collaboration avec une vingtaine de membres de l’Association des sourds de l’île de São Miguel et du collectif Ondamarela nous ont livré une interprétation libre du fameux poème de John Donne « No man is an island ».
Chaque jour, le festival joue sur l’inattendu : A travers des concerts surprises organisés dans un lieu atypique dont l’emplacement est dévoilé trente minutes avant l’évènement.
Mais aussi des expériences incroyables : comme cette performance, où une cinquantaine de personnes, écouteurs sur les oreilles, marchent en file indienne, sous la pluie et le vent, sur le sentier de pêcheur Agrião, au son d’une composition musicale avant de se retrouver à regarder tous ensemble, dans une silence quasi religieux, une performance mystique, sorte de cérémonie rituelle au sein d’un petit jardin suspendu. C’est aussi des moments de pur folie comme l’incroyable et presque indescriptible performance multidisciplinaire de l’Instytut B61 – Interstellar Sugar Center au cœur d’une usine à sucre.

Tremor, c’est tout cela à la fois, la musique, la nature, la surprise, la nourriture incroyable de cette terre battue par les vents de l’Atlantique, des rencontres avec des gens originaires des Açores et ailleurs… Une experience inoubliable tout cela sous les caprices climatiques des Açores où pluie, averse, vents, brouillards et grand soleil se côtoient pour rappeler à l’homme qu’il ne peut pas tout maîtriser… heureusement

Les mots ne suffiront pas pour décrire cette exploration musicale qu’est Tremor, tant l’expérience, les sensations, les sentiments qui vous emportent y sont forts. Ce sont les images du court film réalisé par Baptiste de Ville d’Avray qui vous dévoileront le mieux cet insondable festival.

http://www.tremor-pdl.com

Jeanne Mercier
Jeanne Mercier est critique et éditrice photo depuis 10 ans basée entre l'Europe et l'Afrique. Elle est co-fondatrice et rédactrice en chef d'Afrique in visu, plateforme autour du métier de photographes en Afrique (2006). www.afriqueinvisu.org Formée en Histoire de l’Art et de la Photographie, elle a réalisé en 2005 un mémoire sur « Les Rencontres Africaines de la Photographie » (LHIVIC-EHESS). Elle travaille sur les nouvelles pratiques et formes de diffusion de la photographie en Afrique du Nord et de l’Ouest. Aujourd’hui, elle partage son temps entre Afrique in visu et des activités de conseil en programmation culturelle autour des pratiques photographiques contemporaines et des enjeux du métier de photographe en Afrique. Actuellement, elle travaille sur plusieurs festivals et expositions en Europe et Afrique et écrit pour différentes revues photographiques. Elle collabore avec Lensculture en tant que lectrice de portfolio. En 2015, elle a été la commissaire des Rencontres Internationales de la Photographie de Fès. En 2016, elle était invitée par la Ville de Lisbonne et Africa.Cont / EGEAC en résidence de recherche curatoriale. En 2017, elle travaille sur l’exposition « L’ Afrique n’est pas une île » , lancement février 2017: http://macaal.org/expositions/africa-is-no-island/et le livre « Le métier de photographe en Afrique, 10 ans d'Afrique in visu » (sortie le 10 octobre 2017 aux éditions Clémentine de la Féronnière), deux projets indépendants autour des 10 ans de la plateforme Afrique in visu. Nominatrice du Prix Pictet, Kyoto Prize, First Book Award, A New Gaze – Vontobel price for contemporary photography et membre du Jury du Prix Cap Prize for Contemporary African Photography.

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