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Art & déconfinement : Klaus Albrecht Schröder, directeur général de l’ALBERTINA et de l’ALBERTINA MODERN : « Nous pouvons enfin présenter nos collections d’art contemporain et dans les conditions plus optimales que jamais…»

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Joyau architectural de l’historicisme viennois, l’ALBERTINA MODERN abrite désormais les chefs-d’œuvre de la collection Essl et la collection Jablonka et les très nombreuses œuvres des collections d’art contemporain de l’ALBERTINA sous la direction de Klaus Albrecht Schröder. Avec plus de 60.000 œuvres réalisées par 5.000 artistes, il figurera parmi les plus grands musées d’art contemporain existants.

Son exposition inaugurale The Beginning L’art à Vienne, de 1945 à 1980 conçue par Klaus Albrecht Schröder, en collaboration avec une équipe de commissaires donne un panorama exhaustif de la place de l’art autrichien sur les trois décennies qui suivirent l’année 1945.

Le professeur Klaus Albrecht Schröder (né à Linz en 1955) a étudié l’histoire de l’art et l’histoire à l’université de Vienne. En 1985, il est devenu le directeur fondateur du Kunstforum Wien et de 1996 à 1999, il a fait partie du conseil d’administration du Musée Léopold. Schröder est devenu directeur du musée Albertina en 1999, et depuis 2017, il en est le directeur général. Sous sa direction, le musée a été largement rénové, modernisé et agrandi. Depuis la réouverture du bâtiment en 2003, son ambitieux programme de plus de 130 expositions a attiré plus de 12 millions de visiteurs au musée.

Le deuxième Albertina dans la Künstlerhaus entièrement rénovée témoigne de son succès et un signal fort dans la capitale autrichienne de regain d’intérêt pour l’art contemporain.

Quel est le concept de l’Albertina Modern ?

Nous allons présenter l’art autrichien et international après 1945 à un haut niveau. Il est très important pour nous de ne pas travailler pour un cercle restreint de spécialistes, mais de mettre en œuvre un travail de médiation, ce qui est souvent absent en art contemporain et laisse les visiteurs livrés à eux-mêmes. Tout comme pour l’Albertina, nous sommes attachés à présenter un art dans son histoire qui replace les pionniers dans leur contexte et les rend plus compréhensibles et plus lisibles.

Un parti pris représenté par les collections d’art autrichien, notamment grâce à des œuvres clefs d’Arnulf Rainer, Maria Lassnig, Franz West, Erwin Wurm ou Valie Export. Les collections internationales du musée se caractérisent par de grands ensembles d’œuvres des artistes allemands Georg Baselitz, Anselm Kiefer, Markus Lüpertz, Jörg Immendorff et Günther Förg. Ainsi que les séries d’œuvres importantes tirées de notre fonds d’art américain d’Andy Warhol, Alex Katz, Eric Fischl, Robert Longo, Cindy Sherman, Sherrie Levine, Ross Bleckner et Michael Heizer.

Avec le musée de l’Albertina, nous continuerons à nous concentrer sur les rétrospectives à grande échelle et à faire revivre 500 ans d’histoire de l’art le temps d’une visite. Nous sommes très heureux qu’il soit désormais possible de rassembler nos vastes collections d’art contemporain de 60.000 œuvres de 5.000 artistes à l’Albertina Modern, et de les rendre accessibles à un public local et international lors d’expositions temporaires.

L’exposition d’ouverture de l’Albertina Modern, intitulée The Beginning. L’art en Autriche, 1945 à 1980, offre le tout premier aperçu complet d’une des périodes les plus innovantes de l’histoire de l’art autrichien. The Beginning présente les positions artistiques majeures situées au seuil du postmodernisme – de l’École viennoise de réalisme fantastique aux débuts de L’abstraction, en passant par l’actionnisme viennois, l’art cinétique et concret, la version autrichienne du pop art et le réalisme social si caractéristique de Vienne.

Comment les musées de l’Albertina font-ils face à l’ère de la distanciation sociale ? / Comment ces nouvelles mesures et restrictions peuvent-elles garantir la sécurité et la confiance des visiteurs, tout en offrant une nouvelle expérience de visite ?

Les musées ont été autorisés à ouvrir à partir du 15 mai en Autriche avec quelques mesures : 10 mètres carrés par personnes, les visiteurs doivent porter un masque et doivent garder au moins un mètre de distance entre eux (s’ils ne vivent pas ensemble).
Au total, 550 visiteurs ont été simultanément admis dans l’Albertina et 265 dans l’Albertina Modern, ce qui a très bien fonctionné. Après une semaine d’ouverture, la règle du respect des 10 mètres carrés par personne a été annulée : pour nos visiteurs rien n’a changé puisque nous ne sommes pas confrontés à une demande très importante.

Nous fournissons des gels désinfectants et veillons à limiter le nombre de personnes aux points névralgiques. Nous avons également installé des parois en plexiglas à nos caisses et boutiques. Le port de masques a été abandonné à partir du 15 juin : nous demandons à nos visiteurs de désinfecter leurs mains et de garder leurs distances.

Les initiatives et expositions multimédias sont l’une des innovations liées au COVID-19. Comment allez-vous faire face à cette nouvelle révolution dans un futur proche ?

À court terme, les musées désormais rouverts reçoivent beaucoup d’attention car c’est actuellement la seule offre culturelle disponible qui ne soit pas numérique. Je pense aussi que beaucoup de gens ont appris à apprécier la valeur d’une offre culturelle du fait de sa longue absence. Nous avons dû apprendre à nous passer de beaucoup de choses ces dernières semaines et nos visiteurs sont impatients de se confronter à nouveau à l’art.

Pensez-vous que des changements durables sont à attendre dans le monde de l’art après l’alerte soulevée par cette crise ?

Au cours des prochaines années, nous organiserons de plus en plus d’expositions à partir de nos propres collections. La rétrospective Modigliani, reportée d’un an, aura lieu à l’automne 2021, et nous prévoyons également une grande rétrospective Munch. À plus long terme, nous devrons observer l’évolution et attendre de voir si la tendance pour des offres locales et de proximité reste de courte durée ou se confirme.

INFOS PRATIQUES :
The Beginning. L’art à Vienne, de 1945 à 1980
Jusqu’au 8 novembre 2020
Albertina Modern
Karlsplatz 5
1010 Wien
Autriche
https://www.albertina.at/en/albertina-modern/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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