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Dans le cadre de sa carte blanche éditoriale, notre invitée de la semaine, Catherine Poncin, photographe et invitée d’honneur du festival ManifestO – qui inaugure sa 19ème édition vendredi prochain – a choisi de nous raconter six histoires. Chacune est composée d’une photographie et d’un texte rédigé par Catherine elle-même. Pour cette quatrième et dernière carte blanche, elle nous présente « Le jour d’avant » et « Entre tes doigts », deux œuvres réalisées entre juin 2019 et juin 2020.

Le jour d’avant

‘LE JOUR D’AVANT’ – 2020 — a été réalisée en hommage aux victimes des attentats de l’année 2015 – Paris, à leurs familles. © Catherine Poncin

Une soixantième de seconde et des fragments de vies se trouvent à jamais enregistrés puis reproduits sur la surface plane d’un papier qui comme toute relique, se transmettra, s’égarera, se perdra…
La photographie de famille nous révèle des moments partagés, des figures à travers lesquelles nous nous identifions ou fantasmons.

‘LE JOUR D’AVANT’ est à l’origine, une image anonyme que j’ai trouvée puis sur laquelle je suis imperceptiblement, intervenue.
Le cadre, la physionomie des personnages, leur placement dans l’espace rendent cette image fantomatique et révélatrice d’une dramaturgie annoncée. Le lieu de la prise de vue, sorte de huit-clos à ciel ouvert est indéfinissable. La lumière vive du jour semble n’avoir pour mission que de dessiner l’obscurité.
Une jeune mère paraît, sans sourire, ses yeux creux sont bordés de profonds cernes. Elle présente à l’objectif son enfant soigneusement vêtu de blanc dont une ombre sombre vient bander le regard. Le petit visage oscille vers la droite comme s’il pressentait la présence fatale d’un homme en habit noir…

Texte © Catherine Poncin – février 2020

Entre tes doigts

Entre tes doigts – © Catherine Poncin – Juin 2019

Il faisait chaud dans cette voiture, mon âge m’imposant un corps de petite taille, je ne pouvais apercevoir par la fenêtre arrière de la voiture que le défilement de la cime des arbres, je me hissais parfois pour suivre du regard un âne attelé ou monté par des enfants que nous dépassions.
Nous venions de traverser un bled lorsque le chauffeur stoppait net la voiture au milieu de la route. En un instant ma mère assise près de moi, collait avec force, l’une de ses mains sur mes yeux restés grands ouverts. Alors que le rose vif de sa chair inondait mes globes oculaires, j’entrevoyais entre ses doigts l’immonde scène qu’elle voulait soustraire à mon regard.
Devant nous exhibés, des corps d’hommes inertes étaient suspendus à des potences… j’ignorais alors ce que signifiait la guerre…

Texte © Catherine Poncin – Juin 2020

INFORMATIONS PRATIQUES

ven17sep(sep 17)10 h 00 minsam02oct(oct 2)19 h 00 minFestival ManifestO 2021 OrganisateurManifestO

ven17sep(sep 17)10 h 00 minsam02oct(oct 2)19 h 00 minCatherine Poncin, invitée d'honneur du festival ManifestoAtelier Galerie L'Imagerie, 33 bis Rue Arago, 31500 Toulouse OrganisateurManifestO

ven09jul(jul 9)10 h 30 mindim19sep(sep 19)18 h 30 minMémoires et ruralités du Champ des ImpossiblesExposition collectiveMoulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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