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Pol Bury, le temps en mouvement au BOZAR de Bruxelles

Temps de lecture estimé : 4mins

« La science chaque jour, découvre ; le laser permet déjà le réel impalpable. Nous pouvons commencer à délirer. L’aimant, le moteur, le néon ne sont qu’un petit commencement » – Pol Bury

En parallèle à l’exposition Yves Klein (lire l’article publié le 3 avril), le BOZAR propose une rétrospective majeure de Pol Bury, artiste belge les plus doué de sa génération au niveau international et pourtant encore assez méconnu. Trop souvent réduit à ses fontaines dans l’espace public, Pol Bury qui a été associé comme Yves Klein au mouvement ZERO, est cet autodidacte polymorphe, pionnier de l’art cinétique qui introduit la dialectique de la durée et du mouvement dans la sculpture s’affranchissant définitivement du chevalet et affichant une confiance absolue en la science et la technique. Le parcours dans une approche chronologique revisite les temps forts de sa carrière et ses rencontres à partir de 120 œuvres et de nombreuse archives documentaires.

Né en 1922 dans la région minière de la Louvière d’origine modeste Pol Bury après un bref passage à l’Ecole des Beaux Arts de Mons rencontre à l’âge de 16 ans Achille Chavée, peintre communiste qui va devenir son mentor. Il s’immerge alors dans le milieu surréaliste sous l’influence de Tanguy et Magritte, puis passe par la Jeune Peinture Belge et le groupe Cobra dont il déclarera ensuite :

« Mon séjour chez Cobra m’a fait découvrir que les groupes étaient utiles à condition de s’en sortir... »

C’est sa découverte de Calder lors de l’exposition organisée par la galerie Maeght à Paris en 1950 qui va marquer sa première rupture. Dès lors il introduit sous l’influence de Duchamp le cartel « Veuillez toucher » sous ses Plans Mobiles et signe le manifeste du « Spatialisme » avec ses amis artistes se tournant exclusivement vers l’abstraction. Participant à la fameuse exposition Le Mouvement organisée par la Galerie parisienne Denise René en 1955 il s’inscrit alors dans l’avant-garde européenne. Entre autres activités il fonde avec le poète André Balthazar l’Académie de Montbliart et l’imprimerie Daily-Bûl, véritable laboratoire artistique où l’humour absurde règne en maître.

En 1959 sa carrière prend un tournant avec les première Ponctuations, des reliefs totalement inédits et mus par des moteurs (son passé d’ouvrier) qui deviennent le leitmotiv de son œuvre.
Sa carrière devenant internationale il déménage à Paris, capitale de l’art cinétique, en 1961 et représente son pays à la Biennale de Venise en 1964. Il expose la même année à New York à la Lefebre Gallery. A partir du bois qu’il récupère il créé ses premiers Meubles, sculptures motorisées autonomes, marqué par la sculpteure américaine Louise Nevelson. C’est en 1968 que le galeriste parisien Aimé Maeght le décide à revenir à Paris entamant une période d’intense collaboration et amitié solide. Pol Bury en parallèle est engagé comme professeur à l’université américaine de Berkeley. A cette même époque il commence à introduire le son dans ses sculptures dans le sillage de John Cage actif à cette période. Le succès étant établi il peut alors s’essayer au métal et aux nouvelles possibilités offertes par l’aimant. Il décline ses principes dans ses premiers bijoux, répliques miniatures de son vocabulaire formel, d’une fascinante modernité. C’est à la fin des années 1960 qu’il entame les monuments et sculptures publiques monumentales avec des commandes qui lui viennent du monde entier. L’eau devient en 1976 la force motrice de ces fontaines qui l’occuperont jusqu’à la fin de sa carrière.

Ce qu’il faut retenir de cet ambitieux panorama et perpétuelles innovations est ce piège du mouvement lent que Bury impose au spectateur, ces craquements imperceptibles et mouvements mystérieux qui nous obligent à ralentir pour y prêter attention. C’est Ionesco qui en parle le mieux quand il y discerne » le dessin sous jacent de la catastrophe ». Pour Pol Bury résume t-il, il y a « une angoisse constante venant de l’intuition primitive que tout peut s’écrouler à tout moment ». « Nous ne sommes sûrs de rien ».
En notre époque troublée et immédiatement régie par la vitesse, quelle belle invitation à la lenteur et au discernement !

INFOS PRATIQUES :
Pol Bury, Time in motion
Jusqu’au 4 juin 2017
Bozar, Palais des Beaux Arts
Rue Ravenstein, 23
Bruxelles, Belgique
http://www.bozar.be

• Complément indispensable à la visite : le catalogue aux éditions Bozar Books/Fonds Mercator, 272 pages, 44,95 €

• Autour de l’exposition : Soirée spéciale Pol Bury : author and filmmaker le 31.05, Parcours découvertes en famille, piste de pétanque..

• Pol Bury au Palais. Découvrez les archives | BOZAR
http://www.bozar.be/fr/activities/124777-pol-bury-au-palais-decouvrez-les-archives

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Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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