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Conférence Les femmes photojournalistes, entre stéréotypes et préjugés, quelle réalité, quelle égalité ?
Conclusion

© Paula Bronstein / Visa pour l'image 2018
Temps de lecture estimé : 5mins

Depuis le mois dernier, chaque semaine nous partageons avec vous le compte rendu de la conférence qui s’est tenue lors de la 30ème édition du Festival Visa pour l’image. Initiée par la SAIF Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe, la conférence a réuni femmes photographes, éditeurs et historiens pour débattre de la position de la femme photographe dans le monde du journalisme. Aujourd’hui, dernier volet et conclusion de cette rencontre.

Après avoir débuté ce compte rendu avec l’intervention de Marie Robert sur un petit historique sur les femmes photographes, parlé de l’expérience de 3 femmes photojournalistes, et celle de deux éditeurs photo, nous souhaitons partager avec vous l’intervention de Marion Hislen, déléguée de la photographie au sein de la direction générale de la création artistique au ministère de la culture.

« Pour être une femme photographe il faut être très talentueuse, les hommes n’ont pas besoin d’être talentueux pour travailler, il y en a parfois qui sont vraiment médiocres et s’ils étaient des femmes, ils ne travailleraient pas ! » – Pierre Ciot, modérateur de la conférence, photographe et Président de la SAIF

Marion Hislen : J’aimerais expliquer pourquoi le ministère de la culture a pensé à cette conférence, et pourquoi particulièrement ici, à Visa pour l’image. En fait, c’est un concours de circonstances… J’ai rencontré Laurence Geai et d’autres femmes photoreporters lors d’une réunion, et nous avons discuté de la problématique de sous-représentation de la femme dans ce secteur, du machisme ambiant et de la difficulté pour une femme d’évoluer dans un milieu particulièrement masculin. J’ai été fortement interpelée par cette question…
François Nyssen, la ministre de la culture, est très engagée sur la question de parité, elle a d’ailleurs communiqué une feuille de route au ministère concernant l’égalité homme/femme avec un système de bonus et de malus, et des actions chiffrées. Le ministère de la culture se doit d’être exemplaire à ce sujet; petit à petit, nous devons rétablir la situation.
Chaque année, il est question d’augmenter de 5 à 10% la présence des femmes, jusqu’à obtenir la parité. Cela concerne par exemple les collections publiques, mais aussi les artistes sélectionnés dans les expositions aux labels nationaux. On travaille sur cette question qui fait beaucoup débat.
Il y a encore beaucoup de travail et certains secteurs sont plus touchés que d’autres. Quand on reproche à un festival par exemple qu’il y ait plus d’hommes que de femmes dans sa programmation, et que le directeur répond qu’il ne choisit pas en fonction du genre mais du talent, cela sous-entend, en creux, que les hommes ont plus de talent que les femmes. Cela n’est plus entendable.

Que retenir de cette rencontre qui s’est déroulée au festival Visa pour l’image ? Evénement pour lequel les femmes photographes sont sous représentées ? Ayant pour argument que c’est la qualité des travaux qui prime et non le genre.
L’exploration du sujet par les invités a été passionnante, Marie Robert, conservatrice au Musée d’Orsay (qui a curaté l’exposition Qui a Peur des Femmes Photographes ?) nous a expliqué l’invisibilisation qu’ont subit les femmes photographes depuis l’origine de la photographie par les hommes et les historiens. Quoi de mieux que de comprendre le présent en décryptant le passé ? Au tour des femmes photographes de prendre la parole. Les trois invités, Paula Bronstein,  Laurence Geai et Kasia Stręk, de culture et de génération différentes, s’accordent à dire que c’est un combat pour se faire respecter et que même si être une femme peut parfois être un atout sur certaines zones de conflit, le danger est permanent. Enfin les deux éditeurs de presse invités MaryAnne Golon du Washington Post et Nicolas Jimenez du Monde, ont une vision peut-être plus optimiste de la situation de la femme photojournaliste, en constatant qu’elle a de plus en plus sa place dans les rédactions, et que les choses évoluent dans le bon sens, mais que le nouveau combat sur l’égalité se trouve ailleurs aujourd’hui : sur la mixité des équipes. Et que l’on doit combattre l’oligarchie de l’homme blanc dans nos métiers !

Cependant, il reste un gros travail de fond pour rétablir la situation. Chacun, que nous soyons éditeur, galeriste, commissaire d’exposition, directeur de festivals… doit déclencher une prise de conscience pour tenter de donner une visibilité égale aux femmes comparée à celle des hommes. Cela demandera peut-être plus de travail de recherche, mais ce sera nécessaire pour rétablir l’égalité.

A LIRE :
• Compte rendu de la conférences les femmes photojournalistes, entre stéréotypes et préjugés, quelle réalité, quelle égalité ? Un historique avec Marie Robert, Conservatrice au musée d’Orsay
Compte rendu de la conférence les femmes photojournalistes, entre stéréotypes et préjugés, quelle réalité, quelle égalité ? L’expérience de trois femmes photojournalistes
• Compte rendu de la conférence Les femmes photojournalistes, entre stéréotypes et préjugés, quelle réalité, quelle égalité ? <br>Le regard des éditeurs de presse
• Visuelles.art : Entretien avec Marie Robert, Conservatrice au Musée d’Orsay en charge de la photographie
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INFORMATIONS PRATIQUES

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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