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Prix Découverte aux Rencontres d’Arles : Interview avec Michel Janneau de la Fondation Louis Roederer

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La Fondation Louis Roederer a été créée en 2011 pour pérenniser la politique de mécénat menée par la Maison Louis Roederer depuis sa découverte émerveillée de la collection de photographies de la Bibliothèque nationale de France en 2003. Devenue « Grand Mécène de la Culture », la Fondation complète son engagement fidèle en faveur de la photographie par un ardent soutien de la galerie que lui a consacrée le Grand Palais et un partenariat actif avec le Palais de Tokyo. Elle n’a eu de cesse d’accompagner ces hauts lieux d’ intelligence et de culture à travers la Bourse de la Recherche Photographique à la BnF, les Prix de la Révélation au cœur de la Semaine de la Critique à Cannes et du Festival du Cinéma Américain de Deauville, et désormais le Prix Découverte aux Rencontres d’Arles. Son secrétaire général Michel Janneau a répondu à nos questions alors que s’ouvrent les 50èmes Rencontres d’Arles.

Homme de passion et de culture, il garde un émerveillement constant face à l’éclosion des talents de demain tout en cultivant en son jardin secret l’art de la plume et de la philosophie de la vie. Elégance.

« Les grands champagnes témoignent toujours de la lumière de leur temps dans les fins replis de leur robe dorée et cette relation singulière avec la lumière a rapproché très naturellement Roederer du monde de la photographie. » MJ

Secrétaire général de la Fondation Louis Roederer – comment se décline votre poste au quotidien ?

Il s’agit plus d’un titre que d’un poste. Les secrétaires généraux sont plutôt impliqués dans l’administration, la gestion ou la finance alors que j’ai surtout des missions de terrain, ayant dès le départ conçus cette fondation comme très proche des institutions que nous supportons. Je dois participer dans ce cadre à des vernissages et à d’expositions et entretenir des relations d’amitié constantes avec nos interlocuteurs et partenaires. Je dois aussi une à deux fois par an prospecter et rencontrer les responsables du Palais de Tokyo, de la BNF ou du Grand Palais pour connaitre leur programmation à venir. Je m’entretiens alors avec le président de la Fondation, Frédéric Rozaud pour décider ensemble des expositions ou évènements artistiques que nous allons soutenir l’année suivante.

Quelle est votre vision du mécénat et a-t-elle évolué à la faveur de vos engagements ?

J’ai coutume de dire que le mécénat représente des opportunités transformées en réalité grâce à l’amitié. L’amitié a toujours joué un rôle fondamental dans la vie de mécène de Louis Roederer et cela continue. Cela a commencé en 2003 avec la Bibliothèque Nationale et s’est poursuivi avec toujours des relations très personnelles nouées avec les présidents et responsables des institutions, ayant fait ce choix de mécénat. S’inscrivant comme idée de départ que le vin puisse être une œuvre avec au-delà du plaisir, ce lien tissé entre l’esprit et les sens, ouvrant des passerelles entre les œuvres que nous découvrons et celles que nous poursuivons dans les vignes autour de Reims. Nous recevons fréquemment les membres de ces institutions à Reims dans la maison Roederer et à l’inverse nous participons à beaucoup de séminaires et séances de réflexion sur l’art et stratégies artistiques de nos interlocuteurs.
Mais au-delà de ce côté positif, nous ne voulons pas être victimes du moindre narcissisme, ayant constaté que des fondations ou de grands supporters de l’art en général considéraient cela comme un miroir. Nous cherchons le plus possible à être dans les coulisses, à apprendre de quoi est constitué le métier de nos partenaires et leur apprendre en retour de quoi est fait le nôtre. Le sentiment d’être ainsi plus utile à la communauté. Le tout dans une grande modestie.

La place de la photographie est le fil conducteur des choix de mécénat de la Fondation, avec notamment cette année pour la première fois le Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres de la photographie à Arles. En quoi est-ce une étape importante et une forme d’aboutissement pour vous ?

C’est l’un des rares Prix à associer un galeriste et un artiste. C’est un point important quand on sait l’impact de la galerie dans le parcours d’un artiste. Les galeries sont le maillon indispensable des talents de demain, en cela le festival a fait un choix très pertinent. Les dix projets sélectionnés seront exposés pendant les Rencontres et le Jury lors de la semaine inaugurale décernera, dans le magnifique Théâtre Antique, le Prix Découverte Louis Roederer qui récompense un artiste et sa galerie à travers une acquisition d’un montant de 15 000 euros, tandis que le public désignera son lauréat à travers une acquisition d’un montant de 5 000 euros.
Nous ne participons pas au Jury de ce Prix. Le seul Jury auquel nous participons est le Jury de la Bourse de la Recherche Photographique à la BNF. Pour les autres, Cannes (Semaine de la Critique), Deauville (festival du Cinéma Américain) et Arles donc, nous sommes heureux de nous y associer sans être partie prenante de la décision.

Comment ont évolué vos choix en matière de mécénat ?

L’action la plus ancienne qui nous est fondamentale est la Bourse de Recherche photographique à la BNF rassemblant des candidats à des travaux de recherche scientifiques à partir de la collection, des profils de chercheurs qui se caractérisent par la compétence et l’expertise, dont certains bénéficient d’une exposition. Puis nous nous sommes penchés sur les talents émergents et avons eu la chance d’être sollicités successivement par le Festival américain à Deauville, la Semaine de la critique à Cannes et par les Rencontres de la photographie à Arles, vrai marqueur pour nous. De plus nous accompagnons le Palais de Tokyo depuis sa réouverture en 2002 en soutenant des cartes blanches ou expositions expérimentales et décisives telles que Philippe Parreno, Camille Henrot, Tomás Saraceno ou tout récemment Prince.sse.s des Villes.

Objectifs et vision prospective

En ce qui concerne les territoires il est difficile de prévoir à l’avance puisqu’il s’agit souvent d’opportunités. Nous n’avions pas prévu à la création de la Fondation que nous serions mécènes du Film américain à Deauville et que associés au Festival de Cannes !
Trois objectifs se dessinent aujourd’hui :
Le premier est de se recentrer sur la photographie et de poursuivre dans le soutien et la découverte de cet art fascinant. Nous attentions l’opportunité d’être présents à Arles ce qui a été facilité par l’amitié entre Sam Stourdzé et moi.
Le 2ème objectif tout à fait fondamental tout en restant discrets en termes de contrepartie, est de continuer la relation filiale avec la maison Louis Roederer qui avec son talent a vocation à accompagner la manifestation dont nous devenons le partenaire.
Je suis très heureux que ce champagne avec son histoire et ses qualités soit considéré à présent comme un champagne intelligent et sociable (il n’en demandait pas tant !) qui se mêle de soutenir les arts.
Le 3ème objectif est un rêve que je poursuis, celui de créer des fondations dans d’autres pays et de les relier à la Fondation Louis Roederer française par un réseau d’évènements et d’opportunités, afin d’élargir les horizons et perspectives d’avenir pour tous.
Question plus personnelle, à quand remonte votre 1ère émotion esthétique ?
Cette question parmi l’ensemble est celle qui m’a le plus réjoui, car ma réponse est sans hésitation celle qui suit. Je suis né en Gascogne où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 16 ans environ et la façon dont mes frères et moi avons découvert l’art rejoignait notre amour des paysages, nos parties de chasse à la grive sous des cieux enchanteurs, nos cueillettes de cèpes dans des forêts de légende. Pour nous cette atmosphère et cet art de vivre représentaient l’art. J’ai d’ailleurs écrit un texte récent là-dessus.Ensuite la vie nous a conduit les uns et les autres dans des activités presque toutes parisiennes, et ayant fait le chemin merveilleux des endroits qu’il faut visiter et l’intérêt plus marqué encore à l’art par l’existence de cette fondation, je n’ai pas de souvenir d’un choc particulier lié à une œuvre donnée. En ayant vu suffisamment pour que beaucoup rivalisent, si j’en ai oublié, il reste toujours ce souvenir intact de la beauté de la Gascogne à mon adolescence.

https://www.louis-roederer.com/fr/foundation

INFORMATIONS PRATIQUES

Missing Event Data

Agenda Semaine d’ouverture et Nuits de la photographie : Du 1 au 7 juillet 2019
https://www.rencontres-arles.com/fr/agenda/
Billetterie : du 1er juillet au 22 septembre 2019
Badge semaine d’ouverture : 50 €
Forfait toutes expositions : 35 €
Forfait Journée : 28 €
https://www.billetterie-rencontres-arles.com/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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