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Rencontre avec Fabienne Leclerc, le défi de Komunuma (Romainville)

Temps de lecture estimé : 5mins

Komunuma (communauté en espéranto) rassemble à Romainville, 4 galeries parisiennes (In Situ Fabienne Leclerc, Jocelyn Wolff, Vincent Sator et Air de Paris), le Frac Ile-de-France, l’association Jeune Création et la Fondation Fiminco qui accueillera une résidence annuelle d’artistes. Un écosystème inédit de 11000m² sur le site des anciens laboratoires de Sanofi reconvertis par l’agence Freaks qui joue la carte du Grand Paris et repense la question du centre et de la périphérie.
Fabienne Leclerc l’un des fers de lance de cet ambitieux projet a répondu à nos questions alors que l’inaugration de l’ensemble est prévue le 20 octobre (dernier jour de la FIAC). Un temps fort très attendu.

Komunuma : genèse de l’aventure et programmation inaugurale

Tout est parti d’un heureux hasard lors d’une précédente édition de la FIAC quand un ami d’enfance est venu me voir sur le stand de la galerie étant devenu promoteur immobilier en lien avec la mairie de Romainville qui détenait cette friche industrielle et le réservait à un projet culturel. Il se trouve de plus que plusieurs d’entre nous dont In Situ, Jocelyn Wolff et Air de Paris, partagions le désir de trouver de nouveaux espaces et regardions déjà à l’extérieur de Paris, que ce soit à Montreuil, Pantin..les locaux intra muros étant rares et compliqués. Nous avions cette volonté de regroupement à la suite notamment de l’expérience de la Rue Louise Weiss avec une dynamique et vraie synergie. Ces différents facteurs réunis dans ce cadre exceptionnel des anciens laboratoires Roussel-Uclaf, puis Sanofi réhabilités par Fiminco nous ont permis à 4 galeries de finaliser, bientôt rejoints par le Frac Ile-de-France qui recherchait des réserves depuis un moment, la Fondation Fiminco avec un programme de résidences d’artistes et l’association Jeune Création. Sur 11 000m² et 5 bâtiments différents nous incarnerons une offre singulière et novatrice qui permettra le temps d’une même visite une découverte multi formes. La question de l’accessibilité est facilitée par la proximité du métro (ligne 5) et de nombreux parkings. Nous nous inscrivons dans ce Grand Paris artistique dans une zone extrèmement dynamique et cette problématique du relatif éloignement ne se mesure plus dans d’autres capitales européennes, Londres, New York..Nous avons de plus décidé d’ouvrir certains dimanches de façon à offrir une vraie expérience, pour à nouveau prendre le temps, aller dans les ateliers des artistes, retrouver une vraie qualité d’échange, dans des espaces intérieurs et extérieurs qui permettent une variété de propositions impossibles dans Paris.

L’exposition inaugurale d’In Situ, intitulée « STOP » présentera une ou plusieurs oeuvres de tous nos artistes, avec quelques installations plus importantes de :
Gary HILL « Up Against Down », 2008
Mark DION « Salmon of Knowledge », 2015
Otobong NKANGA « In a Place Yet Unknown »,2017

En décembre nous proposerons comme 1ère exposition personnelle, Damien Deroubaix.

Votre métier : évolutions récentes, place du numérique et des réseaux sociaux, nouveaux défis

L’évolution la plus marquante dans nos métiers et elle n’est pas nouvelle, c’est l’explosion des foires, des biennales, ces grandes manifestations qui ont à présent la faveur du public au détriment parfois des galeries.Les réseaux sociaux sont intéressants pour informer même si les achats en tant que tels sont encore très timides. La nécessité de montrer les œuvres demeure quoi qu’il arrive, et tant mieux et pour pouvoir postuler à des foires, ce qui est essentiel, il convient de montrer des artistes donc de les exposer selon une ligne cohérente. Le lieu de la galerie reste indispensable, il ne suffit pas aux artistes d’avoir des agents. Mais il faut s’adapter à l’envie du public de voir une proposition multiple en un même lieu.

Quelles mutations observez-vous dans la globalisation et cartographie du marché ?

Nous remarquons une explosion de la zone asiatique, chinoise et coréenne majoritairement que ce soit au niveau des galeries, des biennales, des institutions dans des zones géographiques en plein essor. L’Amérique du sud aussi même si c’est peut être moins flagrant. Les artistes eux sont de toute façon présents partout et c’est le grand changement.

Qu’est-ce qui explique selon vous, le succès dans la durée d’une galerie ?

La qualité des œuvres présentées et la défense de ses artistes, c’est ce qui fait la différence. Aider les artistes à produire des œuvres, les soutenir pour les expositions institutionnelles les musées ayant moins de budget font plus appel à nous et s’inscrire dans la durée. Une fidélité d’une galerie pour ses artistes malgré le turn over actuel donne une vraie respectabilité.

Si vous aviez un rêve.. inachevé

J’aimerais que tous les artistes de la galerie aient de belles réussites dans de grands musées, à l’image de Bacon dont j’ai découvert l’exposition hier au Centre Pompidou, un parcours exemplaire avec cette exposition décisive au Grand Palais de 1971.

A quand remonte votre 1ère émotion artistique ?

En art contemporain, je pense à l’exposition Cy Twombly au Centre Pompidou dans les années 1980 qui m’a bouleversée et a décidé de la suite !

INFORMATIONS PRATIQUES
Ouverture le 20 octobre 2019
Komunuma
43 rue de la Commune de Paris
93230 Romainville
http://komunuma.com/

A LIRE
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Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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