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Kertész et la Revue Art & Médecine au musée des Avelines (Saint-Cloud)

Temps de lecture estimé : 4mins

Ce n’est pas Van Gogh et le Docteur Gachet mais André Kertész et le Docteur Debat !
Le musée des Avelines de Saint-Cloud se penche sur cette partie inédite de l’œuvre de Kertész et le rôle joué par cet industriel, collectionneur et mécène. Parti de rien, François Debat à force de travail acharné fonde les Laboratoires Debat à Garches le 10 juillet 1920 dans une ancienne friche industrielle qu’il transforme en usine modèle, respectueuse de l’environnement et de l’homme.

Bâtisseur social engagé il conçoit une cité ouvrière tout proche pour le personnel du laboratoire et s’installe avec sa famille dans l’élégante Villa des Tourneroches (actuelle propriété de la ville) à la vue imprenable sur la capitale. Il y « recevait en grand seigneur » ses amis écrivains et artistes, ayant toujours défendu la place de l’art, et collaborateurs de la Revue « Art et médecine » comme André Kertész et autres photographes avant-gardistes de l’époque.

Luxueuse, cette revue se veut professionnelle dans l’esprit de la « Revue du médecin » mais aussi résolument culturelle et distrayante sous forme de reportages sur les régions françaises signés d’auteurs renommés tels que Jean Cocteau, Paul Morand, Colette, Pierre Mac Olan ou Maurice Maeterlinck et illustrés par ces photographes de la Nouvelle Vision : Kertész mais aussi Germaine Krull, Man Ray, François Kollar, Brassaï.

A partir du numéro d’octobre 1931, Art et médecine consacre sa couverture à une large photographie et Kertész en devient le principal protagoniste déployant une nouvelle grammaire visuelle issue des avant-garde tout en y apportant cette vision poétique unique, qualifiée « d’étrangeté naturelle », la Tour Eiffel vue des voies ferrées de la petite ceinture, les clochards des Quai de Seine, l’enseigne d’un bar de nuit rue de Lappe, une élégante au jardin du Luxembourg. Si le Docteur Debat reprend un certains nombre de ces portraits formels comme celui du physicien Edouard Branly ou de la peintre Marie Laurencin, Kertész met en avant l’importance de l’atmosphère du lieu comme dans les séries de portraits métaphoriques à partir de l’ appartement du peintre Boutet de Monvel ou des demeures La Villa Orlamonde et le Château Ronsard de Maurice Maeterlinck, avec qui il noue une vraie amitié.
Le co-commissaire de l’exposition avec la directrice du musée Emmanuelle Le Bail, Matthieu Rivallin, chargé de collections à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (MAP), détentrice du fonds Kertész, me confie d’ailleurs que la vision de la Villa Marie Bonaparte, actuel musée des Avelines, si proche de l’esprit de la Villa Orlamonde a été l’un des déclencheurs de cette exposition.

Les 80 tirages modernes d’après négatifs parmi les 302 photographies réalisées sur plus de 25 numéros de la Revue entre 1931 et 1936, sont répartis en 3 sections : la figure du Docteur Debat et ses liens avec la communauté artistique parisienne, les reportages régionalistes commandés à Kertész (Savoie, Bretagne, Pays Basque, Corse, Ile de France) et les enjeux médicaux et hygiénistes (reportages de Kertész dans les hôpitaux et maternités).
Si Anne Marsan, est la directrice artistique de la Revue elle laisse une entière liberté à l’art de Kertész qui propose systématiquement des recadrages si bien qu’aucune image n’est l’exact reflet du négatif, favorisant déambulations spatio-temporelles et distorsions futures.

En 1936 la Revue s’arrête au 58ème numéro, après avoir publié plus de 5800 photographies d’auteurs emblématiques et Kertész face à la montée de l’antisémitisme se voit contraint de s’exiler aux Etats Unis.

En mars 1984 il fait don à la France de ses négatifs et archives, conservés à la MAP qui mène une importante campagne de valorisation, d’ acquisition et de diffusion du patrimoine photographique.

INFORMATIONS PRATIQUES

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Exposition coproduite par le musée des Avelines et la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
Entrée libre.

Programmation associée :
Ateliers pour enfants pendant les vacances d’hiver (du samedi 23 février au dimanche 10 mars)
– Les jeudis et vendredis à 15h30
Développement photos
Prise d’une photographie à l’aide d’une boîte noire puis développement de cette photographie. Chacun l’encadre ensuite à sa guise et repart avec son cadre.
À partir de 8 ans – Payant : 6 € – Durée : 2h
– Les mercredis et samedis à 15h30
Théâtre d’ombres
Réalisation d’un théâtre d’ombres au décor du Paris des années 1930. Chacun repart avec son œuvre.
À partir de 5 ans – Payant : 6 € – Durée : 2h
– Les dimanches à 16h30
Nature morte et dessin
Dessin en noir et blanc d’une nature morte, en utilisant différents crayons pour jouer avec l’ombre et la lumière.
À partir de 8 ans – Payant : 4 € – Durée : 1 h
http://www.musee-saintcloud.fr/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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