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Covid-19 et semaine du dessin, Louis de Bayser Président Salon du dessin Paris

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Nous poursuivons en cette semaine du dessin, notre tour des acteurs du monde de l’art brusquement impactés par cette situation sans précédent avec Louis de Bayser Président du Salon du dessin au Palais Brongniart et de Fine Arts Paris, expert en dessin, à la tête avec ses frères du Cabinet de Bayser à Paris, fondé en 1936 par ses grands-parents. Le Salon du dessin qui devait ouvrir ses portes cette semaine a dû être reporté fin mai, ce qui occasionne pour toute la profession des problématiques singulières dont il nous fait part avec clairvoyance et lucidité.

Nous l’avions précédemment rencontré à l’occasion de la 3ème édition de Fine Art Paris au Carrousel du Louvre, particulièrement remarquée.

Comment vous organisez-vous face à cette crise au niveau du Salon du dessin et événements associés ?

L’une des grandes difficultés que l’on rencontre actuellement est le manque de visibilité dont nous disposons. Notre parti prix est d’essayer de faire en sorte que le salon ne soit pas tout simplement annulé mais reporté parce qu’en tant que marchand et je sais que c’est vrai pour beaucoup de mes confrères, c’est un salon que l’on prépare pendant plusieurs mois, avec des dessins d’exception mis de côté spécifiquement pour l’occasion. Nous avons tous une vraie envie que le salon ait lieu et de pouvoir le reporter, après cela dépendra évidemment de la situation.

Les solutions virtuelles et digitales comme pour la foire Art Basel avec les “OnLiningViewing Rooms” ou les musées et leur virtual tour vous semblent-elles un substitut envisageable et porteur pour les salons que vous défendez ?

Cela ne peut être un substitut total car même si nous pouvons tenter des approches de démarchage en sollicitant nos collectionneurs, amateurs, conservateurs en leur montrant des photos ou des vidéos, la décision finale ne se fait que devant l’œuvre. Un moment irremplaçable. Dans notre domaine c’est primordial pour être à même de juger l’œuvre conforme ou pas, contrairement peut-être à d’autres secteurs où les gens sont prêts à acheter sans voir l’oeuvre. Par exemple si certains musées font parfois des pré-accords, l’accord final intervient après que l’œuvre soit en musée et que la commission ait acceptée.

Quel impact peut avoir selon vous un tel séisme sur le monde de l’art et les galeries en particulier étant vous-même marchand ?

L’impact est fort quant aux conséquences possibles sur les galeries mais aussi les maisons de ventes, les musées..
Les musées vont devoir faire face à des problèmes de fréquentation et de reprogrammation autour notamment des expositions qui devaient commencer maintenant et dont on doit résoudre les reports éventuels soumis aux prêts déjà engagés, partenariats, assurances…
Les maisons de vente sont face au même problème avec des ventes initialement prévues en mars qu’il faut reporter en juin avec l’accord ou non des vendeurs.
Quant à nous marchands, nous sommes face à des problèmes de trésorerie investissant beaucoup dans un salon qui a lieu un temps particulier qui, s’il est décalé, peut engendrer de réelles tensions financières. Pour résumer je dirai que si chaque acteur a ses propres problématiques in fine elles sont toutes économiques que ce soit sur les recettes, les frais ou les ventes.

Les mesures annoncées par le gouvernement vous aident-elles à vous sentir positif et confiant ?

Les mesures gouvernementales permettent d’être soulagés dans une trésorerie courante c’est donc un geste appréciable pour limiter les manques à venir, même si en tant que marchand nous devons en permanence investir avec de l’argent qui est immobilisé par des œuvres. Donc tant qu’elles ne sont pas vendues l’argent n’est pas disponible. Dès lors le fait de stopper notre activité pendant 2 ou 3 mois et c’est le cas également dans d’autres secteurs comme l’art contemporain avec les expositions, fait courir un manque de trésorerie encore plus préoccupant.

Pensez-vous qu’en matière de conscience écologique cette crise soit une alerte et entraine des changements durables dans nos habitudes et comportements ?

C’est une tendance de fond qui va développer dans une prise de conscience générale, même si en ce moment pour l’art ce que nous vivons reste assez anxiogène. C’est l’occasion de réaliser sans doute que dans notre domaine, nous bénéficions d’une l’économie locale assez importante en termes de marchands, collectionneurs, restaurateurs, conservateurs et qu’il est bon de la soutenir, même si on ne peut s’en satisfaire totalement évoluant dans un monde où les échanges internationaux sont partie intégrante du développement du marché. Paris reste une place forte du dessin et de l’art !

INFORMATIONS PRATIQUES
Salon du Dessin
Nouvelles dates ! Du 28 au 31 mai 2020
Palais Brongniart
28 Place de la Bourse
75002 Paris
Liste des exposants
https://www.salondudessin.com

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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