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Une fois n’est pas coutume, cette semaine avec notre invité de la semaine, le commissaire d’exposition Philippe Sérénon, ce sont cinq cartes blanches qui seront publiées. Pour commencer, il nous raconte son parcours autodidacte qui l’a mené d’une grande école de commerce à Lille à fonder son propre festival dédié à la photographe en 2011 – Photomed, à Sanary-sur-Mer et aux alentours. Un parcours riche de rencontres et de (r)évolutions technologiques.

Entré chez Kodak au marketing et à la communication, ma mission était de faire acheter un maximum de pellicules. Pour cela, il faut donner envie, séduire, c’est le rôle de la pub. J’ai eu beaucoup de chance de prendre mon poste après le premier film Kodachrome avec les petits personnages Kodak crées par Jean-Paul Goude.

Ce fut mon premier contact avec un artiste. Dans les années 90, Goude était incontournable et son génie créatif allait de la pub Citroën avec Grace Jones à la pub Perrier et son duel de rugissements entre une femme et une lionne.
Je me souviens du lancement du film Ektachrome au Palace où un mur de téléviseurs avait été installé : Les téléviseurs de l’époque n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui et Goude avait passé l’après-midi à calibrer les couleurs, poste par poste. Je découvris à cette occasion ce qu’était l’exigence artistique et pourquoi un artiste ne peut pas faire de compromis entre l’idée et sa réalisation : Le ver était dans le fruit et l’envie d’aller vers les photographes était née en moi.

L’étape suivante fut d’aller à Arles dont Kodak Pro était sponsor. Etant de la « division amateur » j’y fut une première fois en visiteur. Tous se pressaient à l’Arlatan où Jean-Claude Lemagny faisait ses revues de portfolio. J’y fus interpellé par Xavier Zimbardo : « Vous êtes de chez Kodak ? » « Oui » « Alors regardez mon portfolio ». Malgré mes dénégations d’absolu néophyte, il me fut impossible de m’échapper. Je lui en suis reconnaissant car ce fut le début de l’apprentissage de mon regard.
Puis, pendant des années, j’ai regardé des expos, écouté les commentaires des uns et des autres sur la place du Forum et comparé avec ma perception. Progressivement mon regard s’est affiné, le dialogue s’est enrichi et la confiance s’est installée.

Ayant quitté Kodak sur le déclin et après 5 ans loin de la photographie, j’y suis revenu chez HP : Je passais de la prise de vue argentique au tirage numérique grand format. J’ai amené HP comme partenaire des Rencontres en 2004. Les photographes s’étonnaient d’avoir une marque d’ordinateur autre que leur Mac comme sponsor d’Arles mais furent séduits par la facilité de faire un tirage grand format de leurs images.

HP à L’Arlatan, 2005

Le contact direct avec les grands photographes était formidablement enrichissant et les débats sur l’argentique versus numérique passionnants. Puis on amena le livre numérique fait sur les presses Indigo d’HP au moment où le livre de photographies prenait une importance croissante.

Presse numérique à Arles, 2004

Cette expérience m’encouragea à créer PHOTOMED où je fis mon apprentissage de commissaire auprès de Jean-Luc Monterosso ; On ne peut guère faire mieux comme mentor !

J’ai quitté le monde de l’entreprise sans regret et continue d’assurer des commissariats quand on me sollicite, avec la modestie d’un autodidacte, passé du monde du business à celui de l’art sans être passé par la case études spécialisées. Je me rassure en me disant que ce qui compte c’est la satisfaction de l’auteur et du public.

La Rédaction
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