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La Maison Européenne de la Photographie propose de découvrir tout l’été trois artistes femmes : la néerlandaise Rineke Dijkstra, la suisse Maya Rochat qui occupent l’espace des galeries et la française Rosa Joly entre image photographique et installation vidéo immersive au Studio, consacré à la jeune création. L’exposition « I see you » est une exposition exceptionnelle qui réunit les œuvres photographiques vidéos de Rineke Dijkstra. L’artiste expose quatre de ses plus importantes installations vidéo, toutes présentées pour la première fois dans une institution parisienne.

Rineke Dijkstra – I see you

Marianna (The Fairy Doll), 2014, 19’13 » © Rineke Dijkstra – Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, Paris and New York

Connue pour son approche du portrait inspirée des grands-maîtres, c’est l’approche filmique de Rineke Dijkstra qui est mise en avant avec toujours cette quête d’authenticité et d’une certaine vulnérabilité du modèle. Le parcours ouvre sur la vidéo « Ruth Drawing Picasso » (2009) réalisée en collaboration avec la Tate Liverpool où une jeune fille en uniforme de public school assise sur le sol se concentre sur son dessin de l’œuvre de Picasso. Réalisée juste après la vidéo « I See a Woman Crying », ce portrait d’enfant qui reste imperturbable malgré la caméra, avec le son de son crayon qui est amplifié, en plan fixe, accentue son isolement et individualité. De même avec le groupe de scolaires du triptyque video « I See a Woman Crying » présenté dans une scénographie particulière, où les visages de chacun s’éclairent au fur et à mesure de leur prise de parole sur le sens de cette œuvre iconique de Picasso, où maîtresse Dora Maar personnifie les souffrances du couple et de Guernica.

Ruth Drawing Picasso, 2009, 6’33 » © Rineke Dijkstra – Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery, Paris et New York

Les œuvres vidéo suivantes se penchent sur l’attrait de l’artiste pour le monde des ballets où tout semble lisse et contrôlé. « Marianna (The Fairy Doll) » est cette jeune fille de 10 ans qui prépare une audition répète ses mouvements devant un miroir, sous l’œil intransigeant de sa professeure. Malgré le sourire de façade, l’on sent la tension grandissante et la fatigue du corps soumis à rude épreuve. Certaines émotions finissent par transparaitre et c’est ce qui motive l’artiste. « The Gymschool » (2014) video réalisée également lors de la biennale Manifesta 10 à Saint Petersburg montre un groupe de jeunes filles entre 8 et 12 ans s’entrainant à la gymnastique rythmique, discipline phare de l’ex Urss. Projetée sur 3 écrans, la séquence se focalise comme sur une sculpture en mouvement où les corps se plient à des postures de plus en plus sophistiquées. A un âge encore peu influençable au seuil de l’adolescence, ces jeunes filles laissent passer un soupir, une respiration, les seuls sons que l’on entend.

Maya Rochat : « Je suis peintre mais c’est la nature qui peint pour moi. »

A Rock is a River (Meta Tree), 2017 © Maya Rochat Courtesy de l’artiste

Cameleon Stones, 2020 © Maya Rochat Courtesy de l’artiste

Diplômée de l’ECAL et de la HEAD, c’est la première exposition institutionnelle en France de Maya Rochat qui nous invite à un voyage sensoriel sous la forme d’une œuvre totale qui se déploie sans l’ensemble des espaces du 3ème étage de la MEP. Son parcours sur plus d’une décennie s’y déploie dans un fascinant jeu d’échelles autour des multiples transformations de la nature et du medium photographique. Cinq corpus dont le plus récent « Poetry of the Earth » se déploient en all-over autour de la place du livre d’artiste dans sa pratique entre collages, caissons lumineux, wall drawings, peintures, performances… L’expérimentation, la place du hasard et de l’accident, les strates successives, la sédimentation sont au cœur du processus. Dans la dernière salle nous sommes invités à un espace de contemplation proche de l’émerveillement pour ces écosystèmes entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. A noter que la galerie C qui la représenté propose dans le marais une exposition en écho.

Rosa Joly, « sur la chair des dents » (Studio)

Auf dem Zahnfleisch, Photogramme, film 16mm, 2023 © Rosa Joly

Le film en 16mm réalisé à New York produit tout spécialement est présenté à côté d’objets trouvés dans une logique de nomadisme technique non pérenne, entre éléments naturels fragiles et objets de l’industrie. Elle s’inspire des natures mortes de l’artiste Jay DeFeo et de toute cette scène californienne de l’après-guerre mais aussi de l’histoire du cinéma. Entre hommage et citation, espace intérieur et émotions, poésie du quotidien.

Ayant étudié aux Beaux-Arts de Lyon puis à la Kunsthochschule de Hambourg, Rosa Joly a été résidente à Triangke-Astérides Marseille en 2021.

A venir au Studio : exposition de Rachel Fleminger Hudson, lauéate du prix Dior pour la photographie 2022.

INFORMATIONS PRATIQUES

mer07juidim01octRineke DijkstraLa Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris

mer07juidim01octMaya RochatLa Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris

mer07jui(jui 7)11 h 00 mindim16jul(jul 16)20 h 00 minRosa JolyAuf dem ZahnfleischLa Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris

ven21juldim01octRachel Fleminger HudsonLa Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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