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LOOV KULTUUR, l’Estonie débarque à la Cité de la mode !

Temps de lecture estimé : 5mins

Saviez-vous que l’inventeur de Skype est estonien ? et que le Wifi est en diffusion dans tout ce pays de l’ex-bloc soviétique qui vient de décrocher la présidence de l’Union Européenne en 2017. Si la nature est omniprésente (îles, forêts et lacs) elle semble faire bon ménage avec le 100% numérique depuis l’indépendance du pays en 1991 qui pratique la dématérialisation à marche forcée pour l’administration et les actes quotidiens, de quoi donner des ailes à notre premier ministre lors du dernier sommet de l’UE.

Au delà de cette fierté nationale, qu’en est-elle de la scène culturelle estonienne ? C’est tout l’enjeu de la nouvelle saison imaginée avec le Ministère estonien de la Culture à la Cité de la mode et du design. Street art, photo, cinéma d’animation, mode, design colorent le vaisseau de Jakob+MacFarlane dans une saison hivernale qui correspond bien à la rudesse du climat sur place.
Heureusement que les saunas existent ! Un rituel ancien mais bien présent dans les foyers estoniens contemporains. « Iglusauna » dont vous verrez une version concept développé par la société Creative Woodworks met en avant une finition intérieure et extérieure entièrement en bois dans une esthétique d’esprit nordique. Il est à noter que la tradition du sud de l’Estonie d’un sauna sans cheminée est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité selon les critères Unesco.

Les sculptures vagabondes et « invasives » de la designer Sophie Larger et l’artiste paysagiste Stéphanie Buttier investissent l’architecture de béton de la Cité de la mode. Une installation végétale déployée à la filature de Mulhouse en 2016 composée de fils de coton, lierre, osier, ronces..qu’elles réactualisent en clin d’œil à la richesse de la flore estonienne.
Le design estonien a atteint une certaine visibilité, proche de l’esthétique scandinave minimaliste avec une préoccupation constante pour le développement durable. Mais à l’ère de la mondialisation en quoi se distingue t-il de ses voisins ?

C’est l’objet de l’exposition proposée par l’Association estonienne de designers « Size doesn’t matter », un slogan pour dire le contraste entre la petite taille du pays et le nombre élevé de ses designers. Une forte tradition de design de meubles a eu une influence sur la jeune génération de designers. Un savoir faire exceptionnel en artisanat et le peu de frontières entre design et arts appliqués explique une vogue en faveur de produits sur mesure de grande qualité pour une clientèle privilégiée.
L’industrie textile et l’habillement fascinent les jeunes designers qui expérimentent des solutions innovantes comme des textiles parlants ou luminescents.
Parmi les innovations technologiques on remarque le e-roll, scooter électrique monoplace, le Stigo scooter électrique portatif, le vélo Viks pour citadin branché ou le lecteur de carte à puce format carte d’identité à puce.
Les arts graphiques estoniens s’émancipent également de l’influence hollandaise et le graphisme estonien s’impose à travers la typographie, l’accent mis sur l’utilisateur (le côté fonctionnel toujours) et les interfaces.
La première exposition internationale « Estonian Design in focus » au musée d’Helsinki en 2000; suivi par la Biennale de St Etienne ou Berlin et Copenhague a contribué à accroitre sa renommée internationale.
L’association estonienne des designers (AED) a lancé en 2006 le festival la Nuit du Design de Talinn, aujourd’hui devenu un évènement international sur une semaine rassemblant des designers de plus de 25 pays.

Ce panorama atteint une dimension plus intime et personnelle à travers le regard du photographe Raphaël Gianelli-Meriano. « Un printemps en Estonie » est le titre d’un projet réalisé en plusieurs voyages. Autodidacte, c’est l’artiste estonien Navitrolla qui lui fait découvrir Tallinn en 2002. Il participe alors à l’aventure du festival de cinéma ambulant Kinobuss dont il devient le reporter officiel. Un premier coup de foudre matérialisé par son premier livre de photos, About Estonia diffusé chez Colette à Paris en 2005. Fasciné par le poète Jaan Kaplinski il lui consacre un film en 2011. La phrase célèbre d’un de ses poèmes « De la poussière et de la couleur naissent les papillons » est inscrite au centre de l’exposition. Tout autour des archipels de visages, de paysages, gravitent, créant une ambiance singulière. Des sensations atmosphériques et émotionnelles subtiles.

A l’aube d’une société numérique sans frontière plongez dans cette esthétique estonienne durable, sensorielle et éthique. Un voyage aux confins du street art et de la réalité augmenté se déploie également au niveau du Quai de Seine.

INFOS PRATIQUES :
LOOV KULTUUR
Jusqu’au 21 janvier 2018
Les Docks, cité de la mode et du design
AUTOUR DE L’EXPOSITION :
• Soirée de projection de films d’animation
Samedi 13 janvier 2018, auditorium de l’IFM, de 17h à 20h, sur inscription en ligne ou sur place, 5€ de frais de participation
• Atelier de création de jouets en feutre pour jeune public
Les 7, 13 et 14, 20 et 21 janvier 2018, à 15h chez DAD hotdog, en coursive de la Cité, sur inscription en ligne ou sur place, 12€ de frais de participation, à partir de 5 ans
http://www.citemodedesign.fr

Raphaël Gianelli-Meriano, The Kaplinski System, film documentaire, vidéo, 2011, 54 min :
http://raphaelgianellimeriano.com

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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