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Le Gimmick photographique d’Andy Summers au Pavillon Populaire

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Le Pavillon populaire de Montpellier vient d’inaugurer sa nouvelle saison d’expositions, et c’est avec le musicien-photographe Andy Summers qu’elle ouvre le bal. Il s’agit ici de la première rétrospective mondiale du célèbre guitariste du groupe britannique The Police. Sont rassemblées ici presque 350 clichés – tous en noir & blanc – dans une sublime scénographie orchestrée par Gilles Mora.

Henri Cartier-Bresson disait que photographier, c’est aligner la tête, l’œil et le cœur. Concernant le travail d’Andy, il aurait pu y ajouter l’oreille… « La musique et la photographie sont des âmes soeurs » : pour lui, ses images sont la contrepartie visuelle de la musique qui lui trotte sans arrêt dans la tête. La passion première nourrit la seconde, à force d’amélioration de sa pratique photographique, sa musique s’améliore…

« L’appareil en main, c’est comme un flingue, je mitraille le monde. Les tournées sont des rouleaux de pellicules que je déroule ».

Gilles Mora & Andy Summers, Montpellier Février 2019 © 9 Lives

Gilles Mora, directeur artistique, insiste dès l’entrée de l’exposition sur la difficulté d’identifier Andy Summers comme photographe auprès du public qui le connaît uniquement comme musicien : « Si je l’expose, c’est que c’est un véritable photographe, sinon je ne l’aurai jamais fait !« . Alors ne vous y trompez pas, ce n’est pas le résultat d’un « caprice de star », c’est bel et bien l’œuvre d’un photographe que vous découvrirez ici !

L’exposition est présentée sur les deux niveaux du Pavillon. Contrairement à son habitude, Gilles Mora n’a pas établi la scénographie par ordre chronologique, les images apparaissent comme sur une partition, ce qui est le cœur de l’esthétique d’Andy : une combinaison entre ses exigences photographiques et musicales.

« Durant mes débuts, je cherchais un équivalent photographique à la création musicale, car c’était tout ce que je connaissais. Comment fait-on de la musique avec un appareil photo ? Comment fait-on entrer de la musicalité dans une image ? C’est une question intéressante. Que mes clichés ressemblent à ceux des grands photographes ou qu’ils soient pris à la va-vite dans la rue, ce qui est sûr, c’est que ma pratique était guidée par toutes ces années durant lesquelles j’essayais de faire de la ‘musique’ »

Au rez-de-chaussée, on découvre quelques 150 photographies, un travail fortement imprégné de la street photography américaine, influencé par les maîtres du genre : Lee Friedlander, Garry Winogrand ou Cartier-Bresson, mêlé à l’esprit très européen du surréalisme urbain. Deux très grands formats placés au centre de la pièce principale viennent nous plonger dans un univers multi-sensoriel. Pour accompagner la visite, une bande son a spécialement été créée, et l’alliance image et audio fonctionne à merveille.

Exposition Andy Summers, Montpellier Février 2019 © 9 Lives

Exposition Andy Summers, Montpellier Février 2019 © 9 Lives

Au premier étage, on entre dans un espace plus intime… celui des années Police. Andy Summers a commencé la photographie au moment où il a rejoint le groupe en 1977. On y découvre tout un travail autobiographique sur les années de succès qu’il a vécues déchiré entre euphorie, solitude et les nombreuses tensions entre les trois musiciens. Ce sont 250 petits clichés au format carte postale qui sont alignés sur une seule et même ligne, accompagnés de textes très critiques, parfois amer, sur son statut de « guitar hero ». Au fil des albums, les tensions s’accentuent jusqu’à ce qu’une scission nécessaire vienne briser le destin du groupe. Andy trouve refuge dans la photographie, c’est alors une échappatoire, mais aussi un outil de thérapie. Après les concerts, vient le temps des pérégrinations nocturnes dans les villes qu’il croise lors de ses tournées, où armé de son appareil photo, Andy redevient un anonyme caché derrière son objectif.

A la quête de l’étrange, de l’ambiguïté et du paradoxe, Andy Summers nous révèle presque 40 ans de photographie, rassemblée et résumée sous le titre…. »Une certaine étrangeté ».

INFORMATIONS PRATIQUES

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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