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Partager Partager L'InterviewPhoto Rencontre avec Diane Dufour, fondatrice et directrice du BAL, Paris Marie-Elisabeth De La Fresnaye20 mai 2019 Temps de lecture estimé : 7minsDirectrice de 2000 à 2007 de Magnum Photos, Diane Dufour crée LE BAL en 2010 avec Raymond Depardon pensé comme une plateforme autour des enjeux de l’image-document dans une ancienne salle du Paris des années folles. Reconnu internationalement pour l’exigence de sa ligne et de ses expositions, LE BAL déploie parallèlement ses actions d’éducation à l’image avec son pôle pédagogique La Fabrique du Regard. Diane Dufour élargit le spectre avec la collection de textes de références Les Carnets du BAL en partenariat avec l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et le Centre National d’Art Contemporain. Toujours dans une perspective citoyenne et à la croisée des genres, LE BAL est devenu un lieu incontournable de la scène photographique parisienne. A l’occasion de l’ouverture de l’exposition dédiée à la plasticienne allemande Barbara Probst qui prolonge et interroge ces nouvelles perspectives de l’image et son autorité, Diane Dufour a répondu à nos questions. Genèse de l’exposition Barbara Probst en résonance avec votre programmation annuelle autour du dispositif J’ai découvert le travail de Barbara il y a quelques années dans un livre publié chez Steidl qui montrait de nombreuses facettes de son œuvre. Au BAL, nous interrogeons les enjeux de la représentation, ce qui est au cœur de sa démarche. De la même façon qu’elle poursuit des lectures plurielles de l’image dans ses Exposures# (natures mortes, évocation des volumes ou fiction), je poursuis aussi des lignes multiples autour de l’image en tant qu’équation à résoudre. Ici ce ne sont pas tant le sujet représenté, le moment tel qu’il est figuré par ses différentes vues ou bien les choix techniques de la photographe (le noir et blanc ou la couleur, la distance au sujet ou le cadrage) qui importent, mais plutôt ce qui préside à l’expérience ou l’entendement du regardeur face à de telles images. Pour elle, l’image fait l’objet de multiples rebonds entre celui qui produit l’image et se livre ou non dans les choix qu’il a opéré et ceux qui vont la regarder et l’anticiper, comme par exemple Frédéric Paul et moi-même : tous deux commissaires de l’exposition, nous n’avons pourtant pas la même interprétation. L’œuvre de Barbara, parce qu’elle est ambigüe et ouverte, va permettre au spectateur de s’y glisser et d’y voir les codes d’une scène de crime ou d’une œuvre de Giorgio De Chirico, ou encore un rappel des ellipses chères à Alain Robbe-Grillet. Quelle est la clé selon vous du succès du BAL? Le propos du BAL, ses questionnements, sont apparus comme très lisibles à notre public et assez rapidement. Nous avons plusieurs lignes de programmation, dont ces enjeux que nous venons d’évoquer, mais également le soutien à la jeune création à travers la production de nouveaux projets comme avec Clément Cogitore lauréat de notre Prix LE BAL de la jeune création avec l’ADAGP, qui s’est vu octroyer le prix Marcel Duchamp, et une 3ème ligne autour de la requalification sur l’échiquier de l’histoire de l’art, de photographes, vidéastes, cinéastes qui n’ont jamais été exposés en France ou ont disparu des radars officiels, comme le montre le succès de notre exposition sur le photographe américain Dave Heath, totalement inconnu du public français avant que nous le présentions. Ce panorama brosse l’identité politique du BAL, notre volonté d’inscrire ce lieu dans la cité (au sens étymologique grec de polis), une démarche qui convoque le réel et va forcément dire quelque chose du monde contemporain dans lequel on vit. La très belle formule de Giorgio Agamben « de qui et de quoi sommes nous les contemporains » accompagne l’histoire de ce lieu. L’image, qu’elle soit fixe ou en mouvement, va nous aider à appréhender de nouveaux langages comme avec Lewis Baltz, Antoine d’Agata, Paul Graham.. mais aussi au travers de ces nouvelles formes, le monde contemporain. Ce n’est pas un hasard si nous montrons aujourd’hui le travail de Barbara Probst qui pose la question de la vérité. Est-elle unique ou plurielle ? Comment le point de vue détermine le sens de l’image, et donc préexiste à la réalité etc..Des questions fondamentales face à ce trouble qui traverse actuellement la notion de vérité en photographie. On peut faire dire à la photographie tout et son contraire. Cette concomitance des enjeux est essentielle. Je pense que LE BAL doit être un lieu d’éblouissement, avec cette émotion suscitée mais aussi un lieu de questionnement sur le trouble qui habite l’image aujourd’hui. Bouleversements actuels du medium photographique et place du documentaire Il y a toujours eu cette idée de devoir opérer des stratégies différentes pour tenter de rendre compte du monde par la photographie tout en intégrant les limites de l’exercice. Ce n’est pas nouveau mais il ne faut pas confondre deux choses : d’une part, l’image et son flux constant aujourd’hui et notre appréhension visuelle d’un évènement forcément instable, incomplet et mouvant. Les photographes documentaires peuvent avoir le sentiment de nager en haute mer face à cette fragmentation du réel, sentiment accentué par la multiplicité des approches, leur simultanéité, leur nombre.. D’autre part, les artistes ont exploré depuis longtemps et sous toutes leurs formes, les limites et potentiels du medium photographique. Par exemple, avec Provoke, Takuma Nakahira parlait dès 1970 de la fin du langage photographique, avec le travail exceptionnel de Gilles Peress en Irlande du Nord que nous allons montrer en 2020, nous retrouvons cette tentative d’anthropologie visuelle pour essayer de restituer la complexité du réel et toutes les dimensions du conflit en simultané. Mode de fonctionnement du BAL et des expositions qui rejouent à chaque fois le lieu Chaque exposition a son modèle. C’est un exercice à chaque fois de réunir, d’une part l’artiste qui, j’espère, est fier d’exposer au BAL et de s’inscrire dans son histoire, d’autre part : les collectionneurs, les prêteurs, les galeries, les musées, les éditeurs, et au delà d’aller chercher des soutiens pour permettre la rencontre de l’œuvre avec le public. Nous apportons beaucoup de soin à chacune de nos scénographies, ici des murs et un système d’éclairage totalement repensé, grâce à notre scénographe Cyril Delhomme qui à chaque fois est partie prenante avec le(s) commissaires et l’artiste pour être au plus juste. Chaque installation a ses raisons, il n’y a jamais de gratuité dans nos choix. Barbara est tellement précise dans ses prises de vue qu’elle l’est forcément quant à la présentation de ses images, c’est bien la spatialité qui est en jeu ici. Par exemple, il était crucial pour elle que son Exposure #1 soit présentée dans un angle de l’espace d’exposition afin de créer des résonances avec l’espace représenté dans l’image. Rencontres décisives dans votre parcours Mon parcours est une suite de rencontres décisives. N’étant ni historienne de l’art, ni galeriste, la création du BAL était une aventure en soi, une suite de rebonds. C’est la rencontre avec une œuvre ou avec un commissaire, un galeriste, un éditeur ou un livre qui m’appelle et me conduit ensuite à tirer des fils pour essayer de faire partager au public mes questionnements, mes doutes, mes joies.. J’adopte souvent la position du néophyte. Ce qui m’intéresse, c’est de raconter les histoires autour de la démarche du photographe et pourquoi ce travail bouscule quelque chose du langage ou de l’appréhension du réel. Comme si l’on sautait d’une pierre à l’autre dans un jardin zen. Une citation qui vous inspire. Cette citation de Marc Augé, un ethnologue et anthropologue français, me parait au cœur de la démarche du BAL : « Comment représenter un monde qui se définit par la représentation, qui ne cesse de s’enregistrer s’enregistrant ? ». DERNIERS JOURS LE BAL6, Impasse de la défense 75018 Paris jeu09mai(mai 9)12 h 00 mindim25aou(aou 25)19 h 00 minThe Moment in SpaceBarbara ProbstLE BAL, 6, Impasse de la défense 75018 Paris Détail de l'événement« Un appareil photo est semblable à un témoin oculaire et une photographie à son compte rendu. Les récits du même événement par différents témoins peuvent être étonnamment discordants. Comment Détail de l'événement « Un appareil photo est semblable à un témoin oculaire et une photographie à son compte rendu. Les récits du même événement par différents témoins peuvent être étonnamment discordants. Comment définir, en vérité, la « réalité d’un événement » ? Philosophiquement, la réponse semble être une construction à élaborer. Pour moi, la photographie est le meilleur outil pour appréhender cette question, précisément en raison de son lien avec cette réalité. » — Barbara Probst Du 9 mai au 25 août 2019, LE BAL présente la première exposition à Paris de l’artiste allemande Barbara Probst. Figure majeure de la scène artistique allemande et internationale, dont le travail n’a été présenté qu’une seule fois en France (FRAC Bretagne, Domaine de Kerguehennec, 2008), Barbara Probst a déjà été exposée dans de nombreuses institutions internationales. Formée à la sculpture à l’Akademie der Bildenden Künste de Munich et la photographie à la Kunstakademie Düsseldorf, Barbara Probst travaille depuis 2000 à des séries photographiques, Exposures, dans lesquelles le protocole de prises de vues consiste à démultiplier les représentations d’un même instant. Grâce à un système radiocommandé, Probst peut déclencher simultanément les obturateurs de plusieurs caméras pointées sur un même événement ou sujet, sous différents angles et à différentes distances. Une fois les images mises en relation les unes avec les autres, se dégage de ces ensembles une dramaturgie énigmatique convoquant différents genres photographiques (du portrait à la nature morte, en passant par la photographie de paysage ou de studio). Pour l’artiste, cette fragmentation de l’instant en une série d’images devient le moyen d’explorer les nombreuses ambiguïtés inhérentes à l’image photographique. Mettant à jour les artifices du procédé photographique et s’intéressant aux stratégies de représentation, Barbara Probst défie ainsi notre capacité à décrypter le réel. Commissaires : Frédéric Paul, critique d’art et conservateur aux collections contemporaines du MNAM-CCI/Centre Pompidou et Diane Dufour, directrice du BAL Exposition conçue et réalisée par LE BAL, Paris, avec le soutien de Kuckei + Kuckei Gallery, Berlin et du Goethe-Institut. À l’occasion de l’exposition. un livre accompagné d’un texte inédit de Frédéric Paul sera publié par Hartmann Books DatesMai 9 (Jeudi) 12 h 00 min - Août 25 (Dimanche) 19 h 00 min(GMT+00:00) LieuLE BAL6, Impasse de la défense 75018 Paris LE BAL6, Impasse de la défense 75018 ParisLE BAL est une plateforme indépendante d’exposition, d’édition, de réflexion et de pédagogie, dédiée Mercredi 12h - 22h Nocturne. Jeudi 12H - 19H Soirées BAL LAB 20H-22H (Fermeture de l'exposition à 19H) et le Vendredi, samedi, dimanche 12H - 19H. Fermé le Lundi et Mardi Get Directions CalendrierGoogleCal Programmation associée : Débat « Düsseldorf : faire école » organisé par le BAL au Goethe Institute le 20 juin à 19h Cycle de cinéma « Dans l’épaisseur du temps » en lien avec l’exposition, les 28 mai et 11 juin à 20h LIVRE The moment in space Barbara Probst co-édition Le BAL/Hartmann Books, 120 pages, Français-Anglais avec un essai de François Paul. Prochainement au BAL : Sigmar Polke www.le-bal.fr/ Devenez amis du BAL ! A LIRE Diane Dufour est notre Invitée de la semaine Marque-page0
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