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Avec des galeries qui viennent de Moscou, Lisbonne, Munich, Bucarest, Cologne, Vienne, Londres..Art-o-rama a réussi le pari de l’international en cette période de crise et d’incertitudes. D’autant que les propositions : solo show ou dialogues sont excellentes et ouvrent grand les horizons ! Un véritable appel d’air après des mois de confinement. Ce rendez-vous de pré-rentrée dès lors prend valeur de baromètre pour le calendrier des grandes foires à venir. Jérome Pantalacci et Véronique Collard-Bovy peuvent se féliciter d’avoir maintenu le cap d’une édition physique, tout en proposant en parallèle la plateforme en ligne : Salon immatériel.

De quoi redonner des couleurs au marché et aux artistes. Ils étaient nombreux en cette soirée de vernissage où de plus, étaient prononcés différents prix. J’ai pu interviewer d’ailleurs la collectionneuse Sveva Taurisano qui remettait pour la première fois le prix de la Collection Taurisano (Naples, Italie).
Les collectionneurs parisiens étaient également très présents et impatients avec des échos unanimes.
Veronique Collard-Bovy, directrice de Fraeme précise en préambule que la foire s’engage aux côtés du Mucem pour les artistes afghans et leurs familles qui avaient participé à l’exposition « Afghanistan en temps de guerre » et l’on sait que l’hospitalité n’est pas un mot creux à Marseille. La Friche la Belle de Mai est d’ailleurs une preuve réussie de cette ambiance si particulière et le retour d’Art-o-rama à la Friche dans l’espace de la cartoucherie, une bonne nouvelle en ce sens.

vue d’exposition, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

vue d’exposition, galerie Crèvecœur, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

vue d’exposition, galerie Sorry we’re closed, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

Quelques coups de coeur, même s’il est difficile de circonscrire.

Nor Altman, Munich : Ndayé Kouagou 
Performeur autodidacte qui part du langage l’artiste français articule ses recherches autour de 3 questions : légitimité, liberté et amour. Et même si les réponses apportent d’autres questionnements l’important est d’amorcer un dialogue.

vue d’exposition, galerie Catinca Tabacaru, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

Catinca Tabaracu, Bucarest : Rachel Monosov
A partir de son vécu et exil vers Israël avec sa famille l’artiste russe mêle nostalgie et récit futuriste autour de la course à l’espace dans les années 1960. Une ancienne poignée de porte de l’ère communiste Roumaine et autres artefacts retracent la mémoire ensevelie et parcellaire de ce récit dystopique.
Nendo Marseille : Julia Borderie & Eloise Le Gallo
Le journaliste Frédéric Bonnet a décidé d’ouvrir une galerie à Marseile et commence par le duo Borderie Le Gallo. Je les avais rencontrées chez Poush Manifesto et à l’occasion de leur exposition au Cac d’Alfortville. Leurs céramiques réalisées dans la région du désert marocain associent traditions vernaculaires et approche documentaire.

vue d’exposition, galerie Nicoletti, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

Nicoletti, Londres : Joséfa Ntjam 
Exposée au Palais de Tokyo et au Frac Méca, l’artiste puise dans des mythologies autour de l’eau pour activer les mémoires politiques sous le prisme de la décolonisation. Des rituels magiques au service d’une pensée activiste.
Bosse & Baum, Londres : Bea Bonafini
Le recours à l’artisanat à partir de collages se veut la résistance à nos univers technologiques.
Dans une esthétique de la fragmentation elle choisit le liège principalement utilisé en décoration intérieure. Une approche mixte de la peinture au-delà des catégories en vigueur.
Exo Exo Paris : Gaspar Willmann
L’un des stands les plus marquants avec son mur découpé et sa fenêtre à la Duchamp qui nous incite à devenir voyeurs. Dans ce décor faussement banal les ordures sont planquées sous les tapis, ce qui en dit long sur nos habitudes. L’artiste a de plus installé des grandes vanités dans une tradition flamande qui détourne les codes.

vue d’exposition, Section Dialogue, galeries Pierre Poumet & A.Romy, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

vue d’exposition, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

vue d’exposition, galerie Meessen De Clercq, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

Suprainfinit, Bucarest : Kristin Wenzel
Les céramiques de cette artiste vénéneuses et luxuriantes inspirées des orchidées sont tout à fait singulières. « Flesh dance » titre de l’ensemble est un hymne à la chair, à l’exotisme dans ce qu’il a de plus troublant.
Sans titre, Paris : Jessy Razafimandimby 
A partir de collages, dessins et objets collectés l’artiste malgache, peintre et performeur interroge les conventions sociales dans une relecture des arts décoratifs.
The Film Gallery, Paris
Aux origines du cinéma.
A la façon d’un cabinet de curiosités, Silvi Simon manipule les écrans à laide de pop corne, Marie Losier rejoue le théâtre des ombres et Francois Delagnes sculpte la matière même du film.
31 Project : Marie-Claire Messouma Manlanbien.
Exposée à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg cette artiste s’intéresse au métissage, aux liens pluriels, aux contes et légendes à partir de performances, d’installations, de tissages. Des entrelacs multiples pour une géographie de l’intime contrastée.
Double V, Marseille : Alice Guittard
Première participation du marseillais et désormais parisien d’adoption Nicolas Veidig autour des dernières œuvres d’Alice Guitard à partir du marbre qu’elle détoure. Un challenge doublé d’une grande poésie qui fonctionne bien avec les œuvres de Marian Garrido artiste présenté par la galerie espagnole Fran Reus.

vue d’exposition, galerie Meessen De Clercq, courtesy Art-o-rama 2021, ©Margot Montigny

Lors de votre visite à la Friche ne manquez pas Stirring the Pot, l’exposition d’Emeka Ogboh orchestrée par Fraeme, accompagnée d’un mémorable buffet sur le toit terrasse de la Friche.
Le cocktail gagnant Art-o-rama repose sur l’impulsion donnée à tout un écosystème très actif avec deux autres foires : Paréidolie dédiée au dessin et Polyptyque autour de la photographie sur laquelle je reviendrai.
Les structures du réseau PAC, printemps art contemporain étaient de concert en ce week-end de rentrée avec une nocturne très suivie.
Les musées de la ville sous la direction de Xavier Rey récemment nommé à la tête du Centre Pompidou, proposent également des remarquables expositions sur le surréalisme à la Vieille Charité et Jawlensky au Musée Cantini.
On peut aussi filer au bord des calanques à la Villa Georgina aux Goudes pour retrouver la sélection Jeune création. C’est un peu la magie de Marseille…
Enfin, des partenariats avec des institutions comme la fondation Luma, le MoCo, la Villa Noailles ou la fondation Carmignac élargissent les possibles et incarnent ce rayonnement du désormais réseau Plein Sud.
INFOS PRATIQUES :
Art-o-rama
Du 27 au 29 août 2021
Prolongation des expositions jusqu’au 12 septembre 2021

Friche La Belle de mai

41 Rue Jobin
13003 Marseille
PAC Printemps art contemporain : agenda
Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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