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Le Prix Leica Oskar Barnack 2018 est remis à Max Pinckers, celui du meilleur espoir revient à Mary Galman

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C’est à Berlin qu’a été remise l’édition 2018 du Prix Leica Oskar Barnack. La cérémonie se déroulait au cœur de l’Eglise Sainte Elisabeth, à deux pas de la New School for Photography qui expose actuellement les séries des finalistes et lauréats. Chaque année, Leica y convie un.e ancien.e lauréat.e, et l’invitée de cette 39ème édition était la photographe américaine de 75 ans, Wendy Watriss, gagnante en 1982 avec sa puissante série documentaire sur les effets de l’agent Orange. Lors de cette soirée, Max Pinckers le lauréat 2018, et Mary Gelman récompensée pour le Newcomer Award, se sont vus remettre leur dotation aux côtés des finalistes.

Cérémonie Prix Leica Oskar Barnack 2018, Berlin © Leica

Les français, très présents dans ce nouveau palmarès, représentent un quart de la sélection. Le jury aura porté son choix sur la série « Red Ink » du photographe belge Max Pinckers, qui avait été remarqué en 2016 en étant finaliste du même Prix. Le travail primé est le résultat d’une commande pour « The New Yorker » réalisée en août 2017. A cette époque, les relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord sont électriques. Pinckers, accompagné d’un journaliste, se rend au « royaume » Pyongyang sous étroite surveillance. Conscient de l’impossibilité de photographier librement la Corée du Nord, le photographe décide de jouer sur l’image du pays, façonnée par la propagande de son dirigeant, et réalise ainsi des images proches des codes de la photographie publicitaire. Il utilise le flash de manière frontale, pour figer les instants de vie d’un pays sous la coupe d’une dictature brutale. L’utilisation du flash écrase toute profondeur et relève une réalité froide qui reste parfaitement en surface.

Cette année, c’est la jeune photographe russe Mary Galman qui est récompensée du Prix du meilleur espoir. Cette jeune auteur de moins de 25 ans a présenté une série personnelle intitulée « Svetlana ». Elle a mené ce travail deux ans durant, au sein d’une institution qui aide à l’autonomisation de jeunes personnes en situation de handicap. Une vingtaine de mois ont été nécessaires pour s’immerger dans le quotidien de ces pensionnaires pas comme les autres. Sa série, d’une grande sensibilité, alterne portraits et scènes de vie.

Parmi les 10 autres photographes finalistes, d’un grand éclectisme de regards et de pratiques, certains sujets mettent l’environnement au cœur de leur préoccupation. On retrouve notamment l’impressionnant travail d’Ernesto Benavides, sur les mines d’or illégales au Pérou. Il a réalisé des prises de vue aériennes de la région de la Madre de Dios, où l’on voit la déforestation critique liée à l’exploitation aurifère massive, qui représente presque 20% de la production péruvienne. Daniel Chatard quant à lui documente les relations conflictuelles entre écologistes et industriels dans le bassin minier rhénan. Dans la même lignée que les deux précédents sujets, mais avec une proposition plus artistique que documentaire, la slovène Vanja Bucan évoque le rapport ambivalent entre la nature et la domination humaine.
Du côté du photojournalisme, on retrouve le bouleversant travail de Christian Werner sur les routes d’une Syrie en ruine. De son côté, Stephen Dock, photojournaliste français, s’est rendu à Belfast en Irlande du Nord, à la recherche des traces laissées par la guerre. Et Samuel Gratacap documente la migration, pour sa série « Présence ». Il s’est rendu des deux côtés de la Méditerranée, en Italie, en Tunisie et en Libye pour photographier la vie des réfugiés.
On retrouve également l’étonnante série « Les extra-terrestres ont mangé mon jardin » de la belge Elsa Stubbée, les paysages chinois entre montagnes et rivière de Kechun Zhang, en passant par les photographies d’une grande poésie de Stéphane Lavoué avec « On the Edge of the World ».
Et enfin, le photographe italien Turi Calafato nous offre une série pleine d’humour sur les siciliens à la plage le week-end du 15 août. Un petit clin d’œil à Martin Parr…

INFORMATIONS PRATIQUES
Leica Oskar Barnack Award 2018
Exposition présentée dans le cadre du Mois Européen de la Photographie à Berlin
Du 10 au 31 octobre 2018
Neue Schule für Fotografie
Brunnenstr. 188-190
10119 Berlin
https://www.leica-oskar-barnack-award.com

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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