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Partager Partager Temps de lecture estimé : 4minsÀ l’annonce de la fermeture de la Galerie Le Réverbère, à Lyon, nous avions proposé aux deux co-fondateurs, Catherine Derioz et Jacques Damez, de laisser la parole à chacun·e des photographes de la galerie. Après avoir publié les deux premiers hommages consacrés à Yves Rozet et à William Klein, voici celui de Jean-Claude Palisse qui avait rejoint la galerie en 1996. Disparu en juin 2021, Jacques Damez nous livre ce texte et revient sur leur première rencontre et sur le collaboration qui aura duré jusqu’à la fin… Portrait de Jean-Claude Palisse © Jacques Damez Exposition collective « Sapiens Post Sapiens » présentée du 4 décembre 2009 au 27 février 2010. Galerie Le Réverbère. En juillet 1980, dans la chaleur étouffante de Arles pour la semaine d’ouverture des Rencontres internationales de la photographie, nous rencontrions Jean-Claude Palisse, une allure soignée juste détachée ce qu’il faut. Il nous a montré ses photographies avec légèreté en accompagnant leur feuilletage méthodique de commentaires précis, d’un phrasé lent et méticuleusement articulé. L’instant décisif venait d’avoir lieu, nous ne le savions pas encore, le temps long de notre compagnonnage avait commencé. Ce dandy à l’humour incisif, à la révolte qui se consume au bout de chacune de ses cigarettes portait le romantisme British comme une intimité discrète. Sa vie et ses voyages nous ont parfois éloignés mais jamais séparés. Depuis qu’il était devenu belgo français – il avait parfois une pointe d’accent belge ! – nous cheminions de concert au fil de chacune de ses séries photographiques. Jean-Claude cultivait la lenteur, sa façon de mâcher le temps était une signature, la scène de ses tendances obsessionnelles trouvait sa place dans cette élongation. Paradoxe : il EST photographe, cet art de l’arrêt du temps et de la saisie d’un instantané mais, pour réaliser cela il lui fallait tanner ce temps, en quelque sorte l’user jusqu’à lui faire la peau, d’où son éloge de la lenteur. Son oeuvre dans ses processus est une mise à l’épreuve, il pousse la matière au bout, à l’orée de l’abstraction. Il cherche à faire rendre l’âme aux choses pour enfin y avoir accès, cela aussi rend obsessionnel. Derrière ses petites lunettes cerclées de métal, un regard souriant, lumineux, impertinent et vif et puis, lorsqu’il faut regarder de près pour de vrai, un geste, toujours le même, relève les verres juste au dessus des sourcils, ils sont posés là soulignant le vide de l’absence. Je pourrais établir une liste de « je me souviens » concernant ces presque riens qui qualifient et dessinent le portrait kaléidoscopique de Jean-Claude fait de gestes, d’attitudes, d’habitudes, d’expressions, de codes qui le rendaient unique. Sa dernière série de photographies a pour titre Pandémonium. Il explorait là, littéralement, les lieux de l’enfer, bien sûr connaissant Jean-Claude son enfer était celui des glissements de notre système médiatico-politique. Pour autant, je n’arrive pas à ne pas établir un lien entre l’enfer de ta fin de vie et ce titre prémonitoire qui, dans la littérature, désigne la capitale imaginaire de l’enfer… À toi à jamais. – Jacques Damez Nos remerciements à Delphine Nesson pour son soutien indéfectible INFORMATIONS PRATIQUES Galerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 Lyon ven20sep(sep 20)14 h 00 minsam28déc(déc 28)19 h 00 minHistoire(s) sans finExposition collectiveGalerie Le Réverbère, 38 rue Burdeau 69001 Lyon Détail de l'événementPhoto : © Denis Roche. 4 avril 1981, Gizeh, Egypte. 45 ans d’engagement en couple pour la photographie, 43 ans de galerie dont 35 au 38 rue Burdeau à Lyon : Détail de l'événement Photo : © Denis Roche. 4 avril 1981, Gizeh, Egypte. 45 ans d’engagement en couple pour la photographie, 43 ans de galerie dont 35 au 38 rue Burdeau à Lyon : une incroyable aventure vécue intensément avec ses hauts et ses bas, ses fous rires et ses colères, ses rencontres fabuleuses avec des artistes et des collectionneurs qui ont été au cœur de tous nos débats et états d’âme ! Et puis, 20 ans après l’ouverture, l’arrivée des assistant(e)s qui nous ont offert leur énergie, leurs compétences et ont accompagné cette utopie. Ouvrir, hors Paris, en 1981, une galerie indépendante consacrée uniquement à la photographie contemporaine dans tous ses « états » et la garder ouverte pendant 4 décennies étaient un pari fou mais gagné ! Enfin presque… car depuis une dizaine d’années le marché a beaucoup changé : il s’est codifié, « financiarisé » et concentré dans les mains d’un certain goût international qui ne permet plus la même liberté d’action et de choix. Nous avons tant aimé les 15 premières années de Paris Photo où galeristes, photographes, journalistes, institutionnels faisaient communauté avec l’équipe de la foire (merci à Rick Gadella et Valérie Fougeirol) grâce à des échanges confiants et libres, tous tendus vers un seul et même but : partager notre passion pour la Photographie avec les collectionneurs pionniers ou les amateurs curieux et cultivés. Nous étions plus brouillons peut-être mais créatifs, généreux et ouverts aux débats parfois musclés ! Petit à petit chacun a dû choisir sa « place ». La langue de bois s’est installée, les discours de l’art contemporain se sont appauvris et le tout culturel a gagné du terrain… Malgré notre réputation, nos commissariats payés et partagés avec les artistes pour des expos hors les murs ainsi que nos prestations intellectuelles se sont amenuisés pour quasi disparaitre après le Covid et nous obligent aujourd’hui à fermer la galerie et arrêter sa programmation à la fin de l’année 2024. Trop de services gratuits (entrée libre des expositions, déplacements peu ou pas remboursés, prêts d’œuvres sans rétribution aucune, visites commentées ou conférences gratuites, conception et coordination de l’agenda Photographie(s) Lyon & co, aide aux dossiers des artistes pour résidences, appels d’offre, candidatures à des prix …) dévorent le temps de notre équipe. Comme nous l’avait déclaré, il y a 20 ans l’adjoint à la culture de la Ville de Lyon : vous travaillez comme un vrai service plublic sans qu’on vous le demande et sans coûter un centime à la collectivité ! Et rien n’a changé ! Pourtant en 2023, nous étions soulagés d’avoir retrouvé notre chiffre d’affaires d’avant 2020 concernant la vente des œuvres. Mais les charges ont beaucoup augmenté et l’impérialisme des foires nous piège. Triste conclusion : le modèle économique d’une galerie de notre taille, sans soutien financier public ou privé, n’est plus viable. Pour finir en beauté cette dernière année dans notre galerie, après L’éblouissement des apparences de Yves Rozet, Silence de Julien Magre, nous vous invitons à découvrir Histoire(s) sans fin avec un choix d’œuvres emblématiques, rares, iconiques ou uniques de chacun de nos photographes. Sans fin car notre amour de la Photographie reste intact ainsi que notre croyance en la force créative de nos artistes qui n’ont de cesse de se remettre en cause et de creuser leur sillon avec intelligence et sensibilité. Nous continuerons autrement à imaginer des expositions, à donner à lire des œuvres, à offrir de la beauté et des émotions au public. Pour preuve la publication de l’essai de Jacques Damez : Denis Roche – L’endroit du temps en 2026 aux éditions de La Lettre volée ainsi que la sortie en 2025 chez Actes Sud dans la collection Photo Poche d’un Denis Roche préfacé par Jacques Damez. Nous vous espérons nombreux à la rentrée (du 21 septembre au 28 décembre 2024) pour partager ce bouquet final avec les artistes et qu’il vous donnera le désir de vous offrir une ou plusieurs photographies pour enrichir votre jardin intérieur. Avec le sourire et une note d’humour pour vous accueillir bientôt… Bye Buy ! Frédéric BELLAY, Arièle BONZON, Dirk BRAECKMAN, Pierre CANAGUIER, Thomas CHABLE, Serge CLÉMENT, Beatrix VON CONTA, Jacques DAMEZ, François DELADERRIÈRE, André FORESTIER, Lionel FOURNEAUX, Rip HOPKINS, William KLEIN, Géraldine LAY, Baudoin LOTIN, Jean-Claude PALISSE, Philippe PÉTREMANT, Bernard PLOSSU, Marc RIBOUD, Denis ROCHE, Yves ROZET DatesSeptembre 20 (Vendredi) 1 h 00 min - Décembre 28 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuGalerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 Lyon Galerie Le Réverbère38 rue Burdeau 69001 LyonUne galerie en province. 300m2 sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon. C'est le Réverbère, qu'anime un double regard aigu, exigeant et sans complaisance : celui de Catherine Dérioz et Jacques Damez, ses créateurs, dont, au fil des années, les qualités se sont faites vertus. Du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous en dehors de ces horaires Get Directions CalendrierGoogleCal A LIRE Galeries photo : des fermetures en cascade… La fin d’une utopie. 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