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Rencontre avec Carole Schuermans, Directrice du BelgianArtPrize 2017

Temps de lecture estimé : 6mins

Cette semaine nous vous offrons un focus sur Bruxelles avec une mise en lumière quotidienne sur une initiative et  sur un lieu de la capitale Belge. Nous inaugurons cette semaine spéciale par l’interview de Carole Schuermans, directrice du BelgianArtPrize.

Les 4 finalistes internationaux exposés à BOZAR reflètent l’état du monde et ses enjeux : rideau de fer qui bloque l’accès au Palais des Beaux Arts et partout ailleurs suite aux mesures antiterroristes dans un langage à la fois précieux et anxiogène (Edith Deynydt,), objets du quotidien et mémoire collective (Denicolai & Provoost), fermeture des frontières et peur du déclin (Otobong Nkanga) et passé colonial triangulaire (Maarten Vanden Eynde).

Une cartographie vibrante des défis de notre temps qui s’inscrit dans les ambitions réaffichées du Prix dont la mue est spectaculaire !
Nous avons rencontré sa nouvelle responsable, qui n’en n’est pas à son coup d’essai et s’implique depuis de nombreuses années sur la scène bruxelloise.

9 lives : De « Young Belgian Art Prize » à « BelgianArtPrize » les changements sont nombreux pour cette édition, que reflètent-ils ?

Carole Schuermans : A presque 70 ans, le Prix de la Jeune Peinture Belge, fondé en 1950 par l’association Jeune Peinture Belge – Fondation René Lust, devient le BelgianArtPrize. Ce n’est pas sa première évolution quand on regarde sa longue histoire,même si cette nouvelle étape est décisive : changement de nom, révélateur d’un nouveau positionnement (disparition de la référence à la peinture, mais aussi, plus spécifiquement, au mouvement historique de la Jeune Peinture Belge, usage de l’anglais international et suppression du “Young” qui signalait une limite d’âge), changement d’inscription dans l’espace et dans le calendrier.
Cette réflexion a été menée par l’ensemble des membres et partenaires également, absl, Bozar et ING. La mutation implique aussi les objectifs et l’essence même du prix qui renforce sa visibilité dans ce nouvel espace qui lui est attribué/réservé à Bozar (les Antichambres).

Une pointe d’essoufflement de la formule du départ, mais aussi le constat qu’il existe en Belgique de plus en plus de prix destinés aux jeunes artistes de moins de 35 ans. Ils sont excellents et permettent de repérer les artistes émergents et de les soutenir. D’autre part notre souhait était avec Bozar institution internationale de nous placer au niveau d’autres prix étrangers dont le retentissement est très favorable aux artistes sélectionnés et primés. Le Turner Prize (Londres) ou le Prix Marcel Duchamp à Paris ont montré la voie et en tant que prix historique doté d’un prix monétaire non négligeable de 25.000 euros, nous avons été conduit à repenser entièrement les modalités de l’événement à partir de l’implication toujours plus forte des acteurs privés relayés par les institutionnels (critères d’âge, d’appel à nomination, de sélection des nominations, du nombre d’artistes sélectionnés, nombre de prix, date de remise..).

Un changement dans la continuité donc et en regard de la scène internationale, Bruxelles étant de plus en plus perçue comme un carrefour de l’art contemporain en Europe dans un monde globalisé, avec une multiplication d’initiatives indépendantes de soutien à la jeune création et la tenue de deux foires internationales en avril. C’est pourquoi il a été décidé que l’annonce du lauréat serait prononcée la semaine des deux foires ArtBrussels et Independent profitant du nombre de professionnels et collectionneurs présents.

M. : Comment avez vous décidé après votre expérience à la Maison Particulière de relever ce nouveau défi, différent et stimulant ?

C. S. : Que se soient les expositions organisées en 2006-2009 par ING Art Center auxquelles j’ai pu collaborer aux côtés de Patricia De Peuter, Head of ING Art Department, ou l’expérience à Maison Particulière, durant quatre années, au rythme de trois expositions par an, il s’agit à chaque fois d’expériences passionnantes et enrichissantes qui m’ont permis d’acquérir de solides compétences dans le domaine de l’organisation d’expositions, qui s’avèreront d’ailleurs très utiles pour mon parcours ultérieur. Ce couple de français Myriam et Amaury a fait un travail remarquable dans cette belle maison du quartier du Châtelain avec comme ambition première le partage. Leur dernière exposition « From here to eternity »autour de la Divine Comédie de Dante clôt avec élégance un cycle entamé en avril 2011 avec « Origins ». A chaque exposition les Solages ont réussi le pari de réunir des collectionneurs passionnés autour d’un thème, avec comme fil rouge un jeu de correspondances formelle et conceptuelles. Myriam et Amaury ont offert au public l’occasion de découvrir des collections belges mais aussi internationales :italiennes, françaises, espagnoles et néerlandaises – rarement accessibles au public.

M. : Les 4 finalistes ont l’opportunité également d’être exposés à Bozar, comment avez vous conçu cette exposition et avec quels objectifs ?

C. S. : Le Palais des Beaux Arts/BOZAR investit énormément dans l’organisation du Prix qui retrouve les espaces Anti chambre.
Si l’exposition s’ouvre à la mi mars le prix ne sera attribué que le 19 avril, date qui ne relève pas du hasard puisqu’elle correspond aux journées des foires d’art contemporain à Bruxelles pendant lesquelles la ville connaît la plus grande concentration de professionnels et d amateurs belges et étrangers. De la sorte le prix profitera de la meilleure réception internationale qui soit pour Bruxelles et les artistes auront une visibilité maximale. Cette année au même moment les finalistes du prix Marcel Duchamp exposeront au Hangard 18 ce n’est pas qu’une coïncidence. Le BelgianArtPrize, lui aussi cherchera à assurer davantage la promotion de nos artistes sur le plan international.

Les artistes finalistes ont été invités à créer des œuvres pour le BelgianArtPrize et ont relevé sacrément ce défi dans un laps de temps relativement court car il s’agit de la première édition de cette nouvelle mouture du prix.
Si les prix artistiques ont généralement la prétention d’œuvrer pour la postérité,ils reflètent avant tout leur temps, ce dont témoigne le BelgianArtPrize. Loin d’être coupé de la société dont il émane, ce prix reflète ses préoccupations, ses peurs et ses ambigüités.

Il envisage les rapports de force et les conséquences du post-colonialisme, les mutations sociales ainsi que les réactions suscitées par la fermeture des frontières.

Chacun à leur façon, les finalistes répondent à ces défis. Leur travail illustre donc parfaitement les ambitions renouvelées du BelgianArtPrize, par son ancrage dans la réalité de notre société contemporaine et ses diverses évolutions.

INFOS PRATIQUES :
BELGIANARTPRIZE 2017
BOZAR/Palais des Beaux-Arts
Exposition des finalistes
Jusqu’au 28 mai 2017
Remise des prix : le 19 avril à 18h30
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
Belgique
http://belgianartprize.be

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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