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Le petit théâtre de Roger Ballen à la Halle Saint Pierre
Rencontre (2nde Partie)

Immersed, 2016 © Marguerite Rossouw (détail)
Temps de lecture estimé : 16mins

Retour sur notre entretien mené par notre critique Pascal Therme avec Roger Ballen à l’occasion de son exposition présentée à la Halle Saint-Pierre. « Le monde selon Roger Ballen » est sans nul doute la plus grande exposition de ses oeuvres, réunissant photographies, films et installations inédites.

Roger Drawing 1, 2018 © Marguerite Rossouw

Pascal Therme : Depuis le début, je veux revenir à ce qui est pour moi le vrai sujet, le début de quelque chose de spécial, dans tout votre travail, encore faut-il citer Baudelaire dans le Peintre de la vie moderne a propos du dandysme, dernier éclat d’héroïsme dans les décadences, ce qui est lié à ce qui me semble assez proche de votre attitude créatrice, de « cette inébranlable résolution » de ne pas être ému, on dirait que vous êtes un feu qui s’embrase, mais qui ne veut pas rayonner, donner de chaleur…un contre-feu qui éclaire et qui ouvre sur un certain effroi…

Roger Ballen : Le fait est que pour faire du bon travail d’artiste, il faut être passionné par ce que vous faites. Vous devez avoir une passion, la poursuite du processus doit se faire avec une passion ardente, afin de continuer à trouver de nouvelles façons de découvrir, de révéler le défi. Vous devez être obsédé. Vous devez être obsédé par ce travail, année après année. Comme moi, je suis obsédé depuis l’âge de 17 ans et je suis obsédé par cela depuis 52 ans. C’est ce qui est nécessaire pour arriver à ce point.
La photographie est différente de la plupart des formes d’art. Tout le monde peut faire de la photographie. Voici mon téléphone, je peux prendre des photos. Tout le monde ne peut pas faire une sculpture en bronze, en marbre, tout le monde ne peut pas faire de peinture à l’huile, tout le monde ne peut pas faire un bon film mais tout le monde peut prendre des photos. D’une certaine manière, il est très facile de mettre en œuvre les médias. Mais comme c’est si facile, il est très difficile, maintenant plus que jamais de réellement déplacer les gens, car il y a des milliards et des milliards d’images partout. Vos photos doivent donc pouvoir se séparer de ce qui existe et avoir un impact immédiat sur les personnes.

Mimicry, 2005 © Roger Ballen

Pascal Therme : Y-a-t-il un lien direct entre vous et l’autre?

Roger Ballen : De moi au mental intérieur, primaire. Il est donc inutile dans la plupart des cas d’avoir une image liée à quelque chose que je connais déjà. La plupart des photographies que vous voyez aujourd’hui sont liées à des questions dont je suis conscient, qu’il s’agisse du genre ou de la pollution, que ce soit de la politique… La plupart des images que je vois, je les ai vues mille fois, de sorte qu’il n’y a aucun impact sur moi, actualités, politique, les catastrophes, tout cela est vu et revu. C’est comme regarder un match de football. Je connais les règles. Parfois, quelque chose de différent se produit, mais je connais les règles, je les ai déjà vues. Vous savez que c’est le problème de notre situation actuelle dans le domaine de la photographie. Qu’il y ait tellement de matériel qui vous parvient chaque jour de Facebook, d’Instagram, de partout et de nulle part, des livres, des vidéos, de plus en plus. Il est très difficile pour les images d’avoir un impact réel sur les gens, car vous avez déjà vu tant de fois ce qui est montré. Et il n’y a aucun moyen, aucune formule pour se mettre dans la tête des gens. Il n’y a pas de formule. Vous devez le faire avec beaucoup de travail et parfois cela fonctionne et parfois cela ne fonctionne pas. Pourquoi est-ce que cette image a peut-être plus d’impact que cette image? Je ne peux pas juger. Certaines images ressemblent à de l’électricité: elles vous sautent dessus, cela signifie que vous n’oubliez pas.

Si vous vous sentez un peu électrique, cela signifie que cela a probablement provoqué quelque chose de profond dans votre esprit. De toute évidence, je ne peux pas quantifier cela. Je ne peux pas le prouver. Il n’y a aucun moyen de parvenir à une détermination scientifique quelconque, mais c’est probablement le cas. Peut-être qu’il pourrait exister une sorte de substance biologique que personne ne peut quantifier de manière réelle.

Pascal Therme : Je voulais revenir avec une citation de Sollers:
«Il ne s’agit pas d’abolir le spectacle mais le tordre en beauté insoupçonnée pour lui faire cracher ses secrets. Ils sont honteux, misérables et terribles, ces secrets, mais ce sont aussi des trésors volés. » « la négativité, en effet, se traite réellement à travers les images et non pas à travers leur annulation.» Qu’en pensez-vous? Est-ce une traversée de la conscience pour vous et une approche becketienne du réel?

C’est donc la question, en fait. Parce que j’ai vu beaucoup de livres sur le théâtre. Le théâtre de l’absurde, le théâtre du réel et l’irréel, le théâtre des ténèbres. Donc, vous jouez avec ce type de représentation et vous projetez votre travail dans différentes parties de ce que l’art était avant, dans la poésie, dans le théâtre, vous évoquez une multiplicité à vous seul, vous agrégez beaucoup de choses dans le même tableau et dans le même esprit. Donc, c’est une forme polysémique pour moi et si spécifique dans l’interrogation de savoir ce que je peux lire de votre travail et de ce qui vraiment traverse ma propre psyché, ce qui flue à travers votre travail et qui fait cette différence entre ce que la mémoire retient de votre photographie, comment vous marquez le subconscient dans ces espaces de représentations où se joue une part du drame social, individuel et comment s’opère un renvoi du réel par votre photographie dans le champ et social et personnel…

Que puis-je lire de moi dans votre travail? Quel est le message , s’il existe un message mais en même temps, que se passe-t-il? Allons-nous vraiment au bout?

Roger Ballen : Ce sont toutes de bonnes questions. Donc, puisque vous vous posez ces questions, le travail a du succès avec vous. Parce que cela vous oblige à poser toutes ces questions inhérentes au travail. Il n’y a pas de réponses dans le travail. Il n’y a pas de réponses. Peut-être qu’il n’y a pas de réponses, ou peut-être pas de réponses ni de questions. Ce que je veux aussi dire, c’est qu’il y a une partie de l’esprit qui n’a pas de mots. Il y a une partie de l’esprit qui ne répond à aucune langue, à l’exception de sa propre langue. Et ainsi, ces images peuvent ou non atteindre cette partie de l’esprit et si elles le font, elles ont un impact immédiat sur vous, mais cette partie de l’esprit n’a pas la capacité de mettre quoi que ce soit dans une constitution verbale ou un langage verbal, mais elle vit toujours avec vous. Donc, vous n’avez pas besoin d’une interprétation verbale…

Inevetable, 2013 © Roger Ballen

Pascal Therme : Vous pensez pouvoir tout de même évoquer une beauté mystérieuse ou la beauté du mystérieux ?

Roger Ballen : Le mot le plus important de l’art que j’aime regarder ou qui m’intéresse… il y a un mot qui me convient le mieux, c’est ce que j’adresse pour modeler mon art et c’est ce que j’aime mon art exprimer et c’est le mot énigmatique, énigme. Si le travail est énigmatique, étrange, intenable, c’est ce qu’il devrait être. Il n’abandonne pas ses secrets si facilement mais il a des secrets.

Pascal Therme : … Vous servent-ils à marcher dans l’ombre….?

Roger Ballen : Oui, il faut marcher dans l’ombre et il faut avoir le courage de marcher dans l’ombre. Ou cette tendance à marcher dans l’ombre après avoir été dans l’ombre, la détermination de comprendre la pertinence d’être dans l’ombre.

L’idée est de ne pas laisser tes peurs te vaincre quand tu es là et à faire de ton mieux pour courir, courir, courir… C’est ainsi.

Pascal Therme : Donc c’est ce que je vous ai écrit dans le courrier living or leaving, en anglais, parce que je trouve que le français ne rend pas assez la nuance entre vivre ou quitter, partir, fuir, courir…

Roger Ballen : Oui, mais vous voyez que je ne commence pas par une idée, un mot ou un but, alors je viens de faire mon travail et de faire le travail. Je n’essaie pas de définir un mot avant de commencer le processus. Et même lorsque je suis impliqué dans le processus, je n’essaye pas de définir ce que je fais avec des mots. Comme je l’ai dit, le plus important pour moi est la forme claire et précise et les significations complexes révélées par l’image. Donc, il ne devrait pas y avoir un mot simple pour définir le travail ou alors c’est généralement une mauvaise photo. C’est ce que nous constatons dans la plupart des arts contemporains et de la photographie contemporaine. .C’est pourquoi on ne le fait pas plus souvent. . Mes images semblent claires et simples, mais il faut des années et des années pour y arriver. le monde Tout le monde veut créer un travail qui a un impact. Tout le monde veut créer un art qui a une certaine gravité, mais il n’existe pas de formule pour le faire. C’est difficile à faire

Pascal Therme : Oui bien sûr

Roger Ballen : il est facile d’aller prendre une photo d’un endroit où l’écologie semble terrible, où les arbres sont morts…par exemple.

Pascal Therme : Il semble que votre personnalité soit à la fois le réceptacle de différences et le croisement de nombreuses influences. Pour moi, vous ressemblez à ce que Baudelaire dit du dandysme, «le dandysme est le dernier éclat de l’héroïsme, dernier éclat d’héroïsme dans les décadences». Vous semblez être un héros de la décadence. Serait-ce que ce soleil noir pourrait être une mélancolie contre les apparences, la source de votre photographie où se lèvent les brumes de la reconnaissance du monde et qui leur substitue la réalité d’un monde qui s’efface sous ses apparences et se délite…. la réalité de la disparition, d’un monde manquant, comme l’ombre d’un monde qui s’affirme en disparaissant. C’est peut-être cet accord majeur que vous substituez à la réalité, le vrai mot qui apparait comme mot manquant. Votre photographie est avec tout ce qu’elle dit, ce qu’elle inclus, l’image manquante, comme l’envers d’un monde qui s’estompe, ce qui, pour moi est aussi une translation à propos « du plaisir fugitif de la circonstance” (Baudelaire) qui s’inscrirait comme un fond possible de ces préoccupations et qui alimente votre création, qui cliverait le champ du hasard et l’événement que représente votre photographie par ces apparitions/disparitions.

Roger Ballen : C’est vrai. C’est une façon de dépasser l’apparence insupportable au-delà des apparences, comme je l’ai dit plus tôt.

Addict, 2014 © Roger Ballen

Pascal Therme : J’étais dans la librairie en bas et j’ai vu les éditions qui vous sont consacrées, qui sont excellentes… Je pense à Eros-Thanatos dans le théâtre des apparitions. Avez-vous un lien spécial avec la poésie grecque, l’antiquité, tout ce monde d’avant ? Ces figures cassées, ces silhouettes tremblantes de vos peintures m’ont fait penser aux scènes mythico-religieuses de la poterie grecque, où sont représentés les grands mythes, l’Odyssée…

Roger Ballen : Je pense que vous avez absolument raison en ce sens que ces choses commencent par là? Je me souviens quand j’avais 6-7 ans – ils ne le font probablement plus maintenant – ils vous enseignaient les mythes grecs. Et il y a tant de sagesse et de poésie et beaucoup à en apprendre sur la nature humaine, d’une manière simple et belle. Je suis à peu près sûr qu’on ne les enseigne plus a l’école, aujourd’hui ce pourrait être mal jugé… Je connais mes propres enfants, je suis sûr qu’ils n’ont jamais rien appris sur les mythes grecs. Je pense que dans un sens, il faut commencer par là, car ceux-ci révèlent de nombreuses facettes du comportement humain d’une manière assez poétique et métaphorique. C’est une histoire sans prix, c’est comme un monde aussi, comme le système stellaire grec, c’est comme un monde entier en soi. Je ne cherche pas à me comparer aux mythes grecs, mais il y a tout un monde dans le zodiaque, Apollon et Mars, la bataille entre la guerre et la beauté. Il y a tout un monde qui représente tous les aspects de l’humanité. Je ne prétends pas que mon esprit soit du même calibre, mais je suppose qu’il s’en réclame pour partie.

Pascal Therme : Peut–être vous reliez vous également aux grandes manifestations du Moyen Age, dans ces fêtes du Carnaval, avec cette ambivalence entre le baroque et son jeu avec la mort; cette énergie plus païenne qui met en scène les spectres et les angoisses, ces forces mystérieuses de la dissolution, cet anarchisme fauve qui faisait si peur aux puissants parce que se décompressait tout un carnavalesque empreint du jeu avec la mort, le pouvoir et le désir…. Tout cela s’articulait à travers la fin de l’hiver et le début du printemps, le renouveau, le désir, l’ÉROS, avec des énergies de la décomposition, de l’outrance, du sacrifice, et de cette joie païenne au comble de sa force semblait enflammer un travail d’exorcisme du drame de le condition humaine….En quoi la pluralité de tous les matériaux de vos installations répondent-ils d’une certaine manière à cette référence au Carnaval, ce fantastique baroque comme aussi d’un rapport à la terre, à l’ombre, aux forces chtoniennes qui parcourent votre univers?

Ce qui nous ramène à la terre, aux roches primitives. Vous avez été géologue, quelle (co-) incidence peut-on en trouver dans votre production ?

Roger Ballen : Je ne sais pas si vous saviez que j’ai un doctorat en géologie et que j’ai passé 20 ou 30 ans à travailler avec des roches. La plupart des roches que j’ai manipulées existaient avant qu’il n’y ait de vie sur la planète. Je pense au primitif, les roches sont primitives, la plupart des roches que vous voyez étaient ici bien avant que le monde végétal, animal n’arrivent. Les roches ont montré des structures en elles, couches, failles. Il y a quelque chose de mystérieux à propos de la façon dont la vie est arrivée sur la planète et comment elle s’est développée à partir des roches. D’une certaine manière, quand je faisais ce travail de géologue, pendant des années et des années, regardant les roches, marchant sur des roches, c’était comme regarder dans le miroir de l’esprit intérieur. Parce que l’esprit intérieur venait des rochers et que ceux-ci étaient vieux de plusieurs milliards d’années. Lorsque la vie a commencé sur la planète il y a quelques milliards d’années, les roches intérieures venaient toutes du même endroit. Je pense que l’endroit où commencer est l’esprit “primal” – Si vous pouvez trouver un chemin dans l’esprit primordial et le révéler, vous produirez un art qui restera en vie pendant un certain temps. Je ne sais pas si cela a du sens.

Vous avez déclaré dans une autre interview au magazine Diacritik, à Jean-Philippe Cazier, ce qui va suivre et qui résume de fait le lien qu’il existe entre l’approche subconsciente de votre travail et les manifestations de cet esprit primaire. Je crois que c’est une bonne conclusion pour quelqu’un qui photographie des énigmes et qui pense que l’essence de la vie est au delà des mots, même si votre langage plastique est déjà un langage visuel “muet” qui parle dans cette zone indistincte de nous mêmes, une langue faite de signes où s’affichent en “spectacle” ce qu’un regard social cherche à ne pas voir, la monstruosité, le bizarre, l’étrange, ces pays du cauchemar et de l’aberration, où s’inscrivent pourtant une part du refoulé commun, amplement certifié…. Ce qui fait regard, butée, trébuchements d’une altérité complexe qui n’aurait pas le droit d’être. En quelques sortes, tout votre travail sur l’anormalité questionne ces points aveugles et précipitent un réflexe profond contre une forme d’hygiénisme et de culpabilité, propre à construire ce que nous abhorrons pour la plupart, une sorte de fascisme social et d’interdit généralisé sur l’Autre, celui qui ne correspond pas à ce que nous souhaitons être, voir, ce que nous reconnaissons comme normalité.

“Je pense que l’important est de produire des défis pour l’inconscient des gens. Si on ne fait pas ça, on ne transforme pas la subjectivité, et on ne se transforme pas soi-même non plus. Pour mes photographies, je ne transpose pas des rêves que j’aurais faits. Mais même si je ne me souviens pas de mes rêves, cela ne signifie pas que mon esprit, lui, ne s’en souvient pas. Je ne m’en souviens peut-être pas mais le rêve est là, son « souvenir » est quelque part dans l’esprit. Quand, par la création, on parvient à toucher cette dimension primaire de l’esprit, alors ce que l’on fait est réellement puissant. Selon moi, la photographie doit affecter cet esprit « primitif ».

Roger Ballen : C’est là que les choses vont de travers en art, nous n’entendons plus le mot poésie, nous n’échafaudons pas de philosophie. J’ai aimé ce que vous avez dit parce que vous vous êtes réellement éloigné de toutes ces questions que j’entends tout le temps sur ce que je devrais faire ou pas….Je pense donc que certains de vos points étaient très bons et très intéressants et très importants. Et j’étais heureux que vous les ayez évoqués, car très peu de gens le font en entrevue.

Merci Roger Ballen, de nous avoir éclairé sur ces réseaux de forces qui parcourent, alimentent, singularisent tout votre travail. Merci à vous , de votre disponibilité et de cette présence amicale et chaleureuse….

The Back of the Mind, 2012

Interview faite en langue anglaise, traduction d’Anne et Jean Pierre Simard.

A LIRE
Le petit théâtre de Roger Ballen à la Halle Saint Pierre – Rencontre (1ère Partie)
Le Musée de la Chasse et de la Nature accueille Roger Ballen et Hans Lemmen

INFORMATIONS PRATIQUES

sam07sep(sep 7)11 h 00 min2021dim03jan(jan 3)19 h 00 minLe Monde selon Roger BallenLa Halle Saint Pierre, 2 Rue Ronsard, 75018 Paris

jeu14nov10 h 30 min2020sam14mar18 h 00 minThe Theatre of the BallenesqueRoger BallenCENTRALE for contemporary art, Place Sainte-Catherine 44, 1000 Bruxelles

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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