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Morceaux choisis de Stéphane Duroy à la Galerie Vu’

Temps de lecture estimé : 4mins

Très belle exposition de Stéphane Duroy à la Galerie Vu’ qui rend compte de 45 années de photographies et de ce travail sur un livre a priori inépuisable, dés-enfouissement, retour à la terre et à une rêverie picturale et plastique, à un renvoi de la surface vers la profondeur, signes, formes, matières, peinture, mots, tags, traits, découpes, sont venus recouvrir l’image ancienne… jeu de chamboule. un « locus » personnel fait de collages, découpages, d’insertion, de biffures, de juxtapositions.

Stéphane Duroy joue avec ses images, compose et recompose, une à une les pages de ce livre déchu et promu au pilon. Il reformule, revisite, re-interprète, un livre désormais totalement ouvert et multiple, il ne s’arrête plus, revient et recommence, une sorte de mouvement perpétuel, de mécanique créative s’est imposée à lui, contre l’oubli et le silence.

Toujours insatisfait des résultats, il s’avance en terres inconnues, s’enfonce dans ce pays imagé, nourrit ce travail en expansion des figures même qui le hantent, encore et encore.

Plus encore une fin parait, la mue du photographe vers le geste du peintre semble établir une pré-dominance de ce nouveau territoire, terre promise enfin descendue dont , aujourd’hui rien n’a filtré….

… Et pourtant un chemin s’est fait à travers la lenteur des images devenues de plus en plus dessins, peintures, traits, dans une exploration des profondeurs et de la photographie ancienne, de son recouvrement, hier encore actuel. Un chemin d’exploration de l’intimité à la recherche de ce que Bachelard appelle  » la substance heureuse » celle qui comble les voeux du travailleur, celle qui met un terme à ses efforts.

En parcourant cette exposition minimaliste, état d’un précis insécable, d’une justesse de ton et de regard, – j’ai toujours préféré la photographie essentielle de Stéphane, cette FLÈCHE du regard qui pause immédiatement par son cadre l’énergie et la situation de son être là, dans une volonté autonome imparable, au travail de recherche dit plastique, si ce n’est dans la poursuite d’une révélation de type alchimique, un jeu avec la matière qui n’avait pas trouvé son but, une forme de manquement donc mais aussi de combat, de recherches, de patiences, d’attentes fécondes…

là où cette photographie peut paraître mélancolique et lourde, une densité de fait, l’expression d’une légèreté et d’un humour, issu de Keaton, (le diptyque des 2 maisons sur roulettes, Keatonien évidemment ) est comme une évidence, en seconde lecture, celle ci exprime et ouvre sur sa production , même la plus symptomatiquement dense, une action de l’Air, aérienne et légère, où l’humour semble se tapir sous le constat du poids du monde et de son inaltérabilité du fait de la période historique.

Est ce le temps , l’histoire qui occasionne cette instance nouvelle où le fait que me soit apparue une trajectoire entre le voyage du ciel dans ses lumières et par la photographie, et la Terre, la recherche heureuse ou malheureuse du passage vers un geste pictural assumé?

Voyage de cette rêverie du repos et de la volonté où se divinisent les matières, où s’adoube la couleur juste et vraie, celle que le peintre reconnait immédiatement pour sienne, sorte de mariage alchimique quand la rêverie oriente la matérialité des impressions et que prend naissance ce matérialisme enchanteur dont l’essor lent le conduit vers cet adoubement, dans le dialogue tactile du monde perdu puis re-trouvé.

Je me souviens de ces rouges qui ont fait photographie dans l’Europe du silence, serait il possible d’écrire que cette expérience de la recherche de la couleur, isolée par les bleus et les gris a bien initié ces chemins…Un secret en sorte qui acte la résurgence du photographe en peintre…

Ce Unknown inscrit dans la pierre et entouré d’herbes jaunies, grillées, n’est plus une tombe, ni le renvoi de l’absurdité de la mort mais les prémisses des fondements où se dépasse la condition humaine, entièrement dialectisée par la création, l’Art, ce qui inscrit l’articulation d’un faire en totalité, acte flamboyant d’une unité conquise et passage du miroir…

INFORMATIONS PRATIQUES

ven29mar(mar 29)12 h 30 minven31mai(mai 31)18 h 30 minStéphane DuroyGalerie VU', 58 rue Saint-Lazare, 75009 Paris

ven29mar(mar 29)12 h 30 minven31mai(mai 31)18 h 30 minHasard Anticipé & Tes gestes me diront ce dont ta bouche est muetteMarina Black Galerie VU', 58 rue Saint-Lazare, 75009 Paris


https://galerievu.com

LIVRE
Rencontres avec Stéphane Duroy
Sophie Bernard
Sortie le 11 avril 2019
165 x 240 cm
Français
Broché
40 photographies couleurs et noir et blanc
128 pages
ISBN : 978-2-35046-444-2
23,00 €
https://www.filigranes.com/livre/rencontres-avec-stephane-duroy/

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Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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