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La collection Courtauld / Collection Bührle, le match !

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L’un est un visionnaire du textile, l’autre a fourni l’armée allemande en armes pendant l’entre deux-guerres mais tous deux appartiennent à ces sagas de collectionneurs dont sont friands les parisiens.

Le musée Maillol après Paul Rosenberg accueille Emil Bührle (1890-1956), collectionneur allemand naturalisé suisse dont l’entreprise faisait partie de la liste noire des biens spoliés des alliés. Une erreur qu’il rachète par la suite en faisant vérifier le pédigrée de ses 600 tableaux.

Samuel Courtauld (1876-1947) à la suite de la Collection Pouchkine mis en avant par la Fondation Vuitton en regard d’une partie de ses collections est certes un industriel mais mécène, fondateur du Courtault Institute à Londres dans la fabuleuse Somerset House. Philanthrope convaincu il a créé un « centre missionnaire » d’excellence universitaire et a offert à la Tate gallery des fleurons du post impressionnisme français encore peu connus outre manche à l’époque.

Deux parcours diamétralement opposés mais un même œil infaillible. Emil Bührle va même jusqu’à faire affaire avec Paul Rosenberg, une fois qu’il eut payé sa dette et attesté de sa bonne foi auprès du tribunal et des anciens propriétaires. La « liseuse » de Corot qui ouvre la 2nde partie du parcours en est l’une des preuves.

Ses choix sont volontairement guidés par les expérimentations et chocs esthétiques comme avec le « Suicidé » de Manet et le fascinant ensemble de Van Gogh (Semeur au soleil couchant), Cézanne ou Toulouse Lautrec (Messaline). Il est certain que de telles toiles souffrent du manque d’espace des salles. C’est en cela que la Fondation Vuitton est inégalable avec ces grands volumes, comme une cathédrale pour l’art.

Les choix de Courtauld y rayonnent sur des fonds colorés subtils, renvoyant aux teintes rythmées du jour. Tous les regards convergent vers « l’Autoportrait à l’oreille bandée » de Van Gogh, l’une des pièces les plus emblématiques. Mais c’est une autre héroïne qui nous touche de sa grâce, la si jolie serveuse du « Bar aux Folies Bergères » de Manet dont le reflet n’est pas le double exact et qui présente de mystérieuses dissymétries. Cézanne est magistralement représenté, de même avec Seurat dont les ensembles sont les plus importants au Royaume Uni. L’intérêt de Courtauld pour le dessin est souligné par un ensemble éclairé et le goût de Stephen son frère, pour William Turner.

Prolongement contemporain avec le « pari de la peinture », nouvelle sélection d’œuvres de la collection Vuitton par Suzanne Pagé qui ose des rapprochements formels inédits entre Joan Mitchell et Carl André, Alex Katz et Gerhard Richter, Dan Flavin et Ellsworth Kelly, Robert Breer, Daniel Buren et Wade Guyton. Sans oublier le pénétrable de Soto sur l’une des terrasses. Difficile de rivaliser !

INFOS PRATIQUES :
> La Collection Courtauld
Jusqu’au 17 juin 2019
& le Pari de la peinture
jusqu’au 26 août 2019
Fondation Louis Vuitton
https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr.html
> La Collection Emil Bührle
Jusqu’au 21 juillet 2019
Musée Maillol
https://www.museemaillol.com/fr/collection-emil-buhrle
Réservations à l’avance fortement conseillées.

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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