L'InterviewPhoto

Henri Cartier-Bresson / Ambroise Tézenas : Un regard croisé intergénérationnel
Rencontre avec Gabriel Bauret

Temps de lecture estimé : 5mins

L’exposition « De Paris à Mantes, au fil de la Seine » a été inaugurée ce week-end au Musée de l’Hôtel Dieu de Mantes-la-Jolie, dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris. Le Grand Paris prend ici tout son sens puisqu’il s’agit de l’exposition la plus éloignée de la capitale; pour la visiter vous devrez vous rendre à la frontière de la région parisienne, à deux pas du département de l’Eure en région Normandie…

Pour présenter cette exposition qui confronte le regard d’Henri Cartier-Bresson à celui d’Ambroise Tézenas, nous avons interrogé Gabriel Bauret, commissaire de cette exposition.

9 lives : L’exposition « De Paris à Mantes, au fil de la Seine » croise le regard de deux photographes : Ambroise Tézenas et Henri Cartier-Bresson. Quelle est la genèse de ce projet d’exposition ? Pourquoi avoir décidé de confronter le travail  de ces deux photographes ?

Gabriel Bauret : Il se trouve que je vis près de Mantes-la-Jolie. J’ai demandé l’année dernière à Jeanne-Marie David, récemment en charge du musée de l’Hôtel-Dieu, si elle aimerait présenter une exposition de photographie dans ses espaces. Sa réponse ainsi que celle de la ville de Mantes ont été tout de suite positives. J’ai alors pensé à une mission qui pourrait être confiée à un photographe contemporain. Il est toujours très intéressant d’offrir aux visiteurs d’une exposition un regard sur un territoire qu’ils connaissent, ou pensent connaître : ils découvrent une approche des lieux qu’ils n’ont pas forcément eux-mêmes, et mesurent également ce que signifie un point de vue photographique. J’avais déjà expérimenté par le passé ce type de mission dans la région avec Jean-Pierre Gilson et Jean-Claude Coutausse, le premier ayant travaillé sur le paysage, le second sur la population. En 2015, j’ai fait la connaissance à l’Abbaye de Jumièges d’Ambroise Tézenas. Il m’a semblé que son travail conviendrait bien à une expérience sur les paysages de la Seine et lui ai fait la proposition de développer un travail entre Paris et Mantes.
Suite à l’annonce de la création d’un Mois de la Photo du Grand Paris, j’avais interrogé François Hébel pour savoir ce que signifiait géographiquement « Grand Paris ». Il m’a répondu que cela pouvait tout à fait s’étendre jusqu’à Mantes. Par ailleurs, j’avais à l’esprit un numéro de la revue suisse Du qui avait été entièrement consacré dans les années 1950 aux photographies d’Henri Cartier-Bresson sur la Seine. L’idée de confronter deux époques et deux visions s’est donc imposée très rapidement : je l’ai soumise au musée, et nous avons contacté la Fondation Henri Cartier-Bresson. Nous avons déposé le dossier de candidature à l’organisation du Mois de la Photo du Grand Paris qui nous a intégré à son programme.

9L : Deux regards sur un seul thème à travers deux générations et deux points de vue, comment avez-vous abordé la scénographie ?

G. B. : La scénographie s’appuie sur l’idée élémentaire d’un parcours visuel de Paris à Mantes. Le visiteur de l’exposition est accueilli par un grand tracé de la Seine. On suit un fil géographique. Mais le parcours est accidenté : métaphoriquement, il évoque les méandres de la Seine. Nous avons adopté ce dispositif dans la partie principale de l’exposition consacrée à la mission d’Ambroise Tézenas. Le cartel de chaque image comporte l’emplacement sur une carte en miniature de l’endroit où la photographie a été prise, pour permettre au visiteur de se repérer, mais sans être toutefois trop pédagogique. En revanche, la mise en espace des photographies d’Henri Cartier-Bresson est plus linéaire et plus traditionnelle. Et le choix des photographies comprend quelques icônes qu’il est toujours extrêmement plaisant de revoir. Quant aux tirages, ils datent pour l’essentiel de 1984, année de son exposition au musée Carnavalet intitulée « Paris à vue d’œil ».

9L : Présentée au Musée de l’Hôtel Dieu de Mantes la Jolie dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris, l’exposition est la plus éloignée de Paris (plus de 50km). Quels seraient vos arguments pour faire venir les visiteurs aux alentours, jusqu’aux parisiens ? 

G. B. : Le musée de l’Hôtel Dieu est situé juste à côté de la collégiale de Mantes-la-Jolie, un édifice qui ne manque pas d’allure et dont l’architecture est très proche de celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La Seine des photographes s’écoule à deux pas du musée. Beaucoup de bateaux de croisière sur le fleuve font d’ailleurs étape à proximité du musée. À cet endroit, les bords de Seine sont ceux que Camille Corot a peint en son temps à plusieurs reprises. Par ailleurs, Mantes-la-Jolie n’est qu’à quelques kilomètres des paysages sur lesquels de nombreux peintres impressionnistes et post-impressionnistes ont travaillé.

EXPOSITION
De Paris à Mantes, Au Fil de la Seine
Ambroise Tézenas | Henri Cartier-Bresson
Dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris
Du 8 avril au 9 juillet 2017
Week-end Intense Diagonale le 29 et 30 avril 2017 
>Rencontre le 29 avril à 16h
>Hommage à Henri Cartier Bresson le 30 avril à 16h
Musée de l’Hôtel-Dieu
1, rue Thiers
Mantes-la-Jolie (78)
http://www.manteslajolie.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

You may also like

En voir plus dans L'Interview